Trois jours après le dénouement des tueries de Toulouse et Montauban, Marine Le Pen, très virulente, a fait feu de tout bois sur l'insécurité et l'immigration dimanche lors d'un meeting sous le chapiteau du Port Lavigne, au Bouguenais, près de Nantes, où avaient pris place quelque 1.500 personnes, selon le FN.
A un mois de la présidentielle, et alors qu'elle connaît un tassement dans les sondages (de 13 à 17% des intentions de vote), la candidate du FN à l'Elysée est convaincue que les thèmes fétiches du parti d'extrême droite vont occuper les débats jusqu'au scrutin.
Merah, "la partie émergée de l'iceberg"
"Combien de Mohamed Merah dans les bateaux, les avions, qui chaque jour arrivent en France remplis d'immigrés ?", "combien de Mohamed Merah parmi les enfants de ces immigrés non-assimilés ?", a-t-elle aussi demandé. "Mohamed Merah n'est peut-être que la partie émergée de l'iceberg", a poursuivi Marine Le Pen, agitant le spectre de quartiers entiers soumis aux lois de la "drogue" et de "l'islam radical", "conséquence de l'immigration de masse". Des quartiers où l'on aurait "acheté la paix sociale à coups de milliards d'euros de politique de la ville (...) pris dans la poche du contribuable honnête".
Puis la présidente du Front national a détourné la phrase que Mohamed Merah aurait prononcé : je veux "mettre la France à genoux", selon les propos rapportés par Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur. Marine Le Pen, elle, veut mettre "l'islam radical à genoux !", n'hésitant pas à employer le mot de "gangrène".
"Des prosélytes placés sur écoute"
Marine Le Pen a formulé plusieurs propositions lors de ce meeting : l'interdiction des signes religieux ostentatoires pour les usagers des services publics - "trains" inclus - des "prêches systématiquement surveillés dans les mosquées", et les "prosélytes de toute sorte placés sur écoute". Elle a aussi prôné l'expulsion systématique d'étrangers revenus de "voyage suspect en Afghanistan ou dans tout autre pays où l'on entraîne au terrorisme". Pour les Français, ce sera "le port d'un bracelet électronique permanent".
Sur l'insécurité, la présidente du Front national a de nouveau promis une "présomption de légitime défense pour les policiers" et la reconstitution des effectifs supprimés ces dernières années.
"L'islamo gauchisme"
Dans la salle, fusaient des "La France est chrétienne", "Sarko collabo", "peine de mort" ou "guillotine", alors que Marine Le Pen s'en prenait à "l'islamo-gauchisme" et au "racisme anti-français". Elle a également donné sa vision des banlieues, loin du "fantasme" des "banlieues bigarrées" d'un Jean-Luc Mélenchon.
Pour la première fois depuis le début de la campagne, le candidat du Front de gauche, avec lequel Marine Le Pen avait refusé de débattre il y a un mois, a concentré une bonne part de ses attaques. Coupable selon elle, comme les autres candidats "trotskistes", de ne pas s'être rendu à Montauban pour l'hommage aux militaires tués, Jean-Luc Mélenchon se serait mis "en dehors du peuple de France".