"J'affronterai tous les candidats que la démocratie m'a donnés." La présidente du FN Marine Le Pen a lancé publiquement sa campagne pour les élections législatives, lundi à Hénin-Beaumont. Et elle n’a pas cité une seul fois de tout son discours (jusqu’aux questions des journalistes) le nom de celui qui se présente comme son adversaire principal dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais, Jean-Luc Mélenchon.
"Mon principal adversité est le socialiste"
Sa stratégie : ne pas recentrer le débat sur le candidat du Front de gauche. Dès lors, tout le monde en prend pour son grade. Et particulièrement le député socialiste sortant Philippe Kemel. "Mon principal adversaire sera dans cette circonscription socialiste, le candidat socialiste. Il est le représentant d'un système féodal, anachronique, corrompu et clientéliste, que nous combattons sans relâche et que nous sommes en train de faire tomber" a-t-elle lancé lundi.
Plus largement, elle appelle à ne pas donner de majorité à François Hollande. "Le nouveau président de la république n’a pas bénéficié d’un vote adhésion. Il a été élu sans liesse. La gauche est portée par des technocrates, elle est terne et habitée par des partis pris idéologiques qui ne provoquent même plus d’illusion, a-t-elle assené aux socialistes. Leur angélisme serait sympathique s’il n’était pas dangereux pour la sécurité."
Quant à l’UMP, "il a conduit le pays à la ruine et entrainé la gauche au pouvoir."
"J’ai le souci des Français, pas des caméras"
Mais le candidat du Front de gauche n’était jamais bien loin non plus. "Une élection législative ne peut pas être un cirque politique, médiatique. J’ai le souci des Français alors que certains politiques ont le souci des caméras a-t-elle lancé. Je ne fais pas campagne dans un esprit de batailles d'ego, d'esprit de vengeance."
Jean-Luc Mélenchon est en effet candidat dans cette circonscription depuis vendredi soir. "Je représente la République et l'idée qui est née ici dans ce bassin minier, du mouvement ouvrier qui a trouvé un nouveau prolongement dans le programme que je présente, 'l'humain d'abord'. Voilà qu'elle est ma légitimité et c'est celle de tout Français qui est partout chez lui sur le territoire de la République."
Mais pour beaucoup de commentateurs, il est mû par un désir de revanche. Le cofondateur du Parti de gauche, qui avait fait de passer devant Marine le Pen à la présidentielle une priorité, aurait mal accepté de se retrouver derrière elle à 11% contre 18.
Et contrairement à Marine le Pen qui tire sur tous ses adversaires à Hénin-Beaumont, Jean-Luc Mélenchon concentre toutes ses attaques sur elle depuis vendredi. "J’estime que le responsable de la crise est le banquier et non l’immigré", a-t-il assené tout le weekend.
"Ses voix viennent des bobos et des immigrés"
Interrogé sur la dimension symbolique de l'affrontement, il a toutefois écarté toute bataille de personne. "Avec Mme Le Pen, c'est une grande discussion, ce n’est pas une discussion artificielle ni surtout personnelle, ce n'est pas une bataille de personnes ni une revanche, a-t-il lancé. Dès qu’elle peut, elle rappelle d’ailleurs qu’elle m’a battu à la présidentielle. C’est elle qui fait une obsession."
Le duel risque d’être serré. Lors de la présidentielle, Marine le Pen est arrivée en tête au premier tour, avec 35% des voix à Hénin-Beaumont. Jean-Luc Mélenchon était quatrième avec près de 12%. Mais au deuxième tour, François Hollande l’a largement emporté avec près de 58%. Et le PS local est affaibli par de nombreuses affaires de corruption.
Marine le Pen s’est en tout cas montrée confiante lundi. Suite à une question d’un journaliste, elle a assuré que "toutes les voix de M. Mélenchon dans cette circonscription viennent des bobos et des immigrés", ce qui ne fait pas plus de 11% selon ses propres calculs.