"Tout le monde disait : il n’aura pas le brevet. Eh bien, il a eu le bac", confie mardi à Europe 1 un conseiller de l’Elysée, pour commenter le désarroi du camp Sarkozy après la prestation de Hollande au Bourget. Deux jours après meeting du candidat socialiste, le moral des troupes, après une courte embellie, semble en chute libre dans la majorité.
"C’est vrai que, dimanche dernier, François Hollande a été meilleur que d’habitude", commente, après une réunion du groupe du parti présidentiel à l’Assemblée nationale, le député UMP Lionel Tardy, interrogé par Europe1.fr. "Je ne m’attendais pas à cela. Il a été très bon sur la forme, direct avec le public. Sur le fond en revanche… On attendra jeudi pour commenter son programme", ajoute l’élu de Haute-Savoie.
Jusqu’ici tout va bien…
Mais pour le député, rien ne sert de dramatiser. "A la réunion du groupe UMP, les députés étaient très sereins", tient à insister Lionel Tardy. Le patron du parti, Jean-François Copé se veut également "solide" dans ce début de campagne. C’est d’ailleurs son mot d’ordre.
"Nous allons entrer dans la dernière ligne droite. Ma recommandation, c'est qu'on soit solide, déterminé, courageux. Il faut être pugnace", a-t-il lancé devant 260 parlementaires et 14 ministres réunis, mardi, au nouveau siège parisien du parti.
En privé toutefois, des ténors de la majorité témoignent d’un certain désarroi.
"On est dans un faux plat"
"Hollande a eu une musique des mots assez belle et les Français ont entendu cette musique", se désole l'un d'eux. "On est dans un faux plat", admet le député Damien Meslot en maniant l'euphémisme. "Il ne faut donc pas trop attendre. Nicolas Sarkozy doit entrer dans le jeu dès la mi-février", conseille-t-il. "C’est vrai que certains députés, notamment ceux qui des circonscriptions difficiles aimeraient que le président se déclare rapidement, qu’on rentre vite dans la bataille", admet également Lionel Tardy.
Des critiques se font jour aussi sur les réponses de la "cellule riposte" de l'UMP au candidat PS.
"On n'a pas le bon ton, c'est la réaction systématique, la petite phrase", s'agace un député nordiste.
Quand Sarkozy évoque l'hypothèse de la défaite
"L'attaque, l'attaque, l'attaque, les militants ne sont pas d'accord avec cette stratégie. On cogne trop, on victimise Hollande", renchérit un élu champenois. "On va voir... On entend tout autour de nous des doutes", commente la députée Jacqueline Irlès.
Dans ce contexte, la simple hypothèse d’une défaite, évoquée récemment par le président n’arrange rien.
Lors de son déplacement en Guyane, Nicolas Sarkozy a, en effet, lâché devant des journalistes : "En cas d'échec, j'arrête la politique. Oui, c'est une certitude et vous n’entendrez plus parler de moi". Un message que certains députés trouvent peu encouragement à moins de 100 jours de l’élection présidentielle.
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