8 mars oblige, les femmes donnent de la voix. A la veille de la Journée internationale de la Femme, le collectif de 45 associations "Les Féministes en Mouvement" a invité mercredi soir les candidats à l’élection présidentielle à venir s’exprimer sur l’égalité des sexes. Seule Marine Le Pen n’a pas reçu de carton d’invitation, en raison de sa position sur le droit à l’avortement.
"Nicolas Sarkozy, vos politiques ont été une catastrophe"
D’emblée, la politique de Nicolas Sarkozy, qualifiée de "catastrophe pour les femmes", a été dénoncée.
Marie-France Casalis, pour les Féministes, a lancé : "Nous voulons dire ce soir à Nicolas Sarkozy : vos politiques ont été une catastrophe pour l'égalité et pour toutes les femmes, françaises, immigrées, sans papier, réfugiées".
Elle a mis en garde le candidat de l’UMP : "Si vous revenez au pouvoir en 2012, nous nous mobiliserons pour que l'égalité s'impose" avant d’énumérer les griefs du collectif. Et de rappeler que l'UMP ne va présenter qu'"à peine 28% de femmes aux législatives" de juin et que son programme ne fait pas apparaître les mots "précarité, sexisme, temps partiel, avortement, contraception".
Sarkozy et Bayrou absents
Les principales mesures du quinquennat concernant les femmes ont été passées au crible: "Loi sur l'égalité salariale de 2006 revue à la baisse en 2010", "manque de moyens pour la lutte contre les violences faites aux femmes et budgets des associations en baisse", "réforme des retraites qui accroît les inégalités entre les pensions des hommes et des femmes", "réforme de l'hôpital qui a entraîné la fermeture de dizaines de centres d'IVG".
Nicolas Sarkozy n’avait pas répondu à l’invitation, de même que François Bayrou, qui s’est fait représenter. Les candidats de gauche ont répondu présents.
Des manifestantes anti-DSK ont accueilli Hollande
L'intervention de François Hollande a été perturbée mercredi soir par des manifestantes hostiles à Dominique Strauss-Kahn. Aux cris de "plus de DSK au PS", "DSK partout, justice nulle part", et sous les sifflets, ce groupe de femmes a lancé des tracts dans la salle de la Cigale dès l'arrivée sur scène du candidat socialiste à l'élection présidentielle.
Le groupe de manifestantes, se désignant sur son tract comme "l'assemblée générale de féministes et de lesbiennes", déclare lutter contre "l'impunité des violences masculines faites aux femmes". "Le viol est un crime, nous ne nous tairons pas", dit leur tract, qui dénonce la "complicité" des médias et du monde politique sur l'affaire Dominique Strauss-Kahn.
"Le voyou le plus connu reste quelqu'un qui a failli être président", a surenchéri ensuite le candidat du NPA, Philippe Poutou.
Mélenchon et Joly sur le grill
Premier à passer sur le grill des féministes, Jean-Luc Mélenchon s’en est donné à cœur joie devant une salle comble où de nombreuses personnalités (Yvette Roudy, Elisabeth Guigou, Martine Billard, Sylviane Agacinszki) étaient présentes. Chaudement applaudi, la thématique de la soirée lui a permis de parler d'"exploitation de classe" en évoquant les femmes, victimes de premier ordre des temps partiels et des bas salaires. Le candidat du Front de gauche a également abordé l’avortement et son accrochage avec Marine Le Pen il y a 15 jours.
"Comme la droite s'extrême-droitise, j'ai peur qu'elle se mette à la remorque sur l'IVG. La discussion commence sur le remboursement, et le concept méprisable d'IVG de confort", a-t-il dénoncé. "L'extrême droite est contre les prières dans la rue sauf devant les centres IVG", a-t-il lancé, avant de donner "rendez-vous à l'Elysée!".
Eva Joly, candidate écologiste, a ensuite pris la parole, sous les applaudissements nourris de la salle où son prénom a été scandé. Se définissant elle-même comme une "vieille féministe", la candidate d’Europe Ecologie-Les Verts avait visiblement bien travaillé le "Manifeste" des Féministes en mouvement, recueil de propositions du collectif.