Depuis la fin des élections législatives, François Fillon a adopté le mutisme comme stratégie. Non pas que l’ex-Premier ministre ait renoncé à la bataille pour prendre la tête de l’UMP, bien au contraire. Le député de Paris préfère en fait laisser la parole à ses lieutenants et soutiens pour marquer des points face à Jean-François Copé, l’adversaire désigné. Ces derniers jours, l’actuel secrétaire général de l’UMP n’a pas été épargné, que ce soit par les critiques ou les défections.
Pécresse ouvre le bal
L’offensive du clan Fillon a débuté le 20 juin par l’annonce d’une prise de guerre. Valérie Pécresse, membre des ex-"mousquetaires" de l’UMP aux côtés d’un certain Jean-François Copé, a fait part de son ralliement à l’ex-Premier ministre au Figaro. Il est "le meilleur pour nous faire gagner en 2017" et il possède "une légitimité d’homme d’Etat", a argué l’ex-ministre de la Recherche.
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Le coup aurait pu être très rude s’il n’avait été éclipsé par la victoire, le même jour de Christian Jacob, très proche de Jean-François Copé, réélu dès le premier tour à la présidence du groupe UMP à l’Assemblée face à Xavier Bertrand, candidat soutenu par François Fillon. "C'était programmé pour être le point d'orgue de la journée. Pas de bol pour eux", ironisait un "copéiste". "C'est tombé comme un cheveu sur la soupe."
NKM et Wauquiez prennent le relais
Les "fillonnistes" n’ont pas désarmé pour autant. Les salves suivantes sont venues des jeunes loups de l’UMP. Nathalie Kosciusko-Morizet d’abord. C’est en évoquant Patrick Buisson que l’ancienne ministre de l’Ecologie s’en est pris à Jean-François Copé. Quelques jours après avoir accusé le conseiller de Nicolas Sarkozy d'avoir voulu "faire gagner Charles Maurras" (figure de l'extrême droite) plutôt que l'ancien président, NKM a sommé le secrétaire général de l’UMP de préciser sa pensée. "Patrick Buisson est, je crois, conseiller de l'UMP. Je voudrais entendre Jean-François Copé sur le sujet. (...) On a besoin de savoir si la ligne Copé, c'est la ligne Buisson", a-t-elle attaqué mercredi sur Europe 1.
Puis Laurent Wauquiez a pris le relais. Le maire du Puy-en-Velay a tout bonnement demandé à demi-mots à Jean-François Copé de… se retirer. "Dans la période dure qui nous attend, on ne peut pas se permettre le luxe d'affrontements stériles. Je suis convaincu que Jean-François Copé aura à cœur de mettre l'intérêt supérieur de notre famille politique avant tout", assure l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur jeudi dans le Figaro, avant d’oser : "je souhaite le rassemblement le plus large possible autour de François Fillon, rassemblement dans lequel Jean-François Copé, avec ses qualités et son dynamisme, a toute sa place". Nul doute que le principal intéressé a apprécié cette main tendue.
Et la charge n’est pas terminée. Selon Le Point.fr, plusieurs autres soutiens de François Fillon devraient se déclarer sous peu, dont Gérard Larcher, ex-président du Sénat, précieux par ses réseaux. "Il y a une dynamique de rassemblement qui est en train de se construire autour de François Fillon", a assuré Laurent Wauquiez jeudi sur Europe 1.
"Il faut que chacun se détende"
L’objectif de cette séquence est de faire la démonstration des soutiens et de la force de François Fillon et ainsi mettre la pression sur son rival. Elle devrait se conclure par l’annonce officielle de la candidature de l’ex-Premier ministre à la présidence de l’UMP le 4 juillet prochain, selon parismatch.com. Une date cependant démentie par l'entourage de François Fillon qui table plutôt sur le mois de septembre.
Face à cette agitation, Jean-François Copé a choisi d’afficher sa sérénité. La présidence de l'UMP, "c'est une élection, pas une nomination !", a-t-il rappelé. "Il faut que chacun se détende quand même... C'est pas non plus dramatique tout ça... Une élection, c'est vrai, ça va obliger chacun à se présenter au suffrage des militants", a-t-il ironisé.
Le secrétaire général reprend là à son compte l’accusation d’héritier souvent utilisé par ses détracteurs. "Toutes ces offensives sont concertées et traduisent une vraie fébrilité. Ils ont peur de cette élection parce que ce sont les militants qui auront la parole", résume un proche de Jean-François Copé.