Le doyen de la Cour de cassation tacle les Sarkozystes

Le président doyen de la Cour de cassation a fait allusion mercredi, lors d'une allocution, aux "discours inacceptables" tenus récemment par Nicolas Sarkozy. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
PIQUE -

Franck Terrier a fait allusion mercredi, lors d'une allocution, aux "discours inacceptables" tenus récemment.

Le président doyen de la Cour de cassation, Franck Terrier, a fait allusion mercredi, lors d'une allocution, aux "discours inacceptables" tenus récemment par Nicolas Sarkozy et ses soutiens, dans le cadre de l'affaire dite des écoutes, sans toutefois nommer l'ancien chef de l’État. En ouverture de son propos, Franck Terrier s'est adressé au président de la République, François Hollande, présent dans l'enceinte de la plus haute juridiction judiciaire française à l'occasion de l'installation du nouveau premier président de la Cour, Bertrand Louvel.

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"Un vieux tours". "Votre présence est d'autant plus un encouragement que l'institution judiciaire vient d'être une nouvelle fois mise en cause dans des conditions partisanes et par des discours inacceptables", a déclaré le magistrat, président de la troisième chambre civile. "On a prétendu jouer ce vieux tour qui consiste à répudier son juge au seul motif qu'il serait suspect dans ses convictions", a-t-il ajouté. "Au mépris des garanties constitutionnelles, certains responsables politiques n'ont pas hésité à réclamer la suppression des droits syndicaux de la magistrature, pour que celle-ci soit en définitive réduite au silence et recluse hors de la citoyenneté", a encore fustigé Franck Terrier.

François Hollande, lui, ne s'est pas exprimé. Il a, revanche, laissé un mot dans le livre d'Or, saluant "l'indépendance de la magistrature", selon un journaliste de RTL :

L'affaire. Nicolas Sarkozy a été mis en examen le 2 juillet, au terme de sa garde à vue.  Les juges d'instruction cherchent à établir si l'ancien chef de l'Etat (2007-2012) a essayé d'obtenir des informations couvertes par le secret auprès d'un haut magistrat de la Cour de cassation sur une décision de justice le concernant, en échange de la promesse d'une intervention pour un poste de prestige à Monaco. La Cour de cassation devait alors se prononcer sur la saisie dans l'affaire Bettencourt des agendas de Nicolas Sarkozy, susceptibles d'intéresser les juges enquêtant sur d'autres dossiers, notamment l'affaire de l'arbitrage Tapie.

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La pique de Sarkozy. L'ancien chef de l'Etat a mis en cause publiquement, lors d'un entretien pour Europe1 et TF1, l'une des deux juges d'instruction qui l'avaient mis en examen le 2 juillet, Claire Thépaut. "Est-il normal (...) qu'on choisisse, pour instruire une affaire où mon nom est cité (...) un magistrat qui appartient au Syndicat de la magistrature (SM)", classé à gauche, a-t-il demandé. Il a dénoncé ce qui apparaissait pour lui comme "une volonté de (l')humilier en (le) convoquant sous le statut de la garde à vue". Ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino avait réclamé, le même jour, la suppression de la liberté syndicale dans la magistrature. D'autres proche de l'ancien chef de l'Etat, à l'instar de Nadine Morano ou Christian Estrosi, ont également soupçonné la Justice de traitement partisan des juges envers leur mentor.