Le gouvernement se met au "Gattaz-bashing"

© MAXPPP
  • Copié
et Caroline Roux , modifié à
L'INFO POLITIQUE - Le nouveau président du Medef agace plusieurs membres du gouvernement, jusqu’au Premier ministre.

L’ambiance était glaciale lundi à Matignon, lors d’une réunion entre Jean-Marc Ayrault et Pierre Gattaz. "Correcte", corrige le nouveau président du Medef, élu en juillet 2013. "Prévue", glisse-t-on plutôt dans l’entourage du Premier ministre. Bref, l’échange a, selon un ministre qui s’est confié à Caroline Roux, éditorialiste à Europe 1, plus ressemblé à un dialogue de sourds qu’à une réunion constructive. Et pour cause : le courant passe mal entre le patron des patrons et plusieurs membres du gouvernement.

Gattaz insiste, Ayrault s’agace. A Matignon, Pierre Gattaz a répété son message, toujours le même : il veut un allègement des charges des entreprises de 100 milliards d’euros, à répartir de moitié entre des baisses d’impôts et des baisses de cotisations sociales. "Hors de question", a rétorqué Jean-Marc Ayrault, qui a conseillé au président du Medef de changer de discours. Car à force de mauvaise volonté, a argué le Premier ministre, Pierre Gattaz va finir par décourager les patrons eux-mêmes. Ambiance…

Du "Gattaz-bashing". Dire que les relations Medef-gouvernement sont tendues, c’est être en dessous de la vérité. Un ministre de Bercy dit ainsi de Pierre Gattaz qu’il n’est "pas au niveau". D’autres moquent l’enthousiasme de débutant du patron des patrons au sortir des réunions sur les retraites ou sa propension à ne s’appuyer que sur son expérience de chef d’entreprise pour tenter de trouver des réponses aux problèmes des Français. Mais un conseiller de François Hollande prévient : il ne faut surtout pas sous-estimer Pierre Gattaz, car il a surpris tout le monde en s’imposant au Medef.

Laurence Parisot dépitée

© REUTERS/Charles Platiau

Ils en regretteraient presque Parisot. Et quels que soient les ministres interrogés, il y a toujours une comparaison avec Laurence Parisot, jugée, selon un proche de François Hollande, "plus habile politiquement", "plus au fait des dossiers et des postures". Entendre les socialistes regretter l’ancienne président du Medef, c’est franchement inattendu, quand on se souvient des passes d’arme entre elle et les socialistes, se souvent l'éditorialiste d'Europe 1.

Il va falloir faire avec. Mais ce désamour, le gouvernement va devoir passer outre. Car le nouveau patron du Medef règle ses comptes en public et ose l’affrontement. Et à chaque fois, les dommages collatéraux sont considérables, ils alimentent l’idée selon laquelle la gauche boude l’entreprise. Les ministres traînent les pieds, mais Pierre Gattaz a été élu pour quatre ans. Et lui est sûr de rester.

"Quand ça ne va pas, je le dis". Qu’il ait conscience ou non du peu de considération que lui portent les membres du gouvernement Pierre Gattaz n’a en tous cas pas l’intention de dévier de sa ligne. "Je ne serai pas le spectateur inactif d’une France qui tombe", prévient-il au micro d’Europe 1. "Je suis là pour dire : ‘là, c’est très bien, bravo’, mais par contre, quand ça ne va pas, je le dis haut et fort ", a-t-il développé, avant d’image : "C’est ce zig et ce zag que je continue de dénoncer. Le zig et bon, je félicite, je dis bravo. Le zag, c’est le petit marqueur qui fait que ça fait hurler. Eh bien, tant qu’on n’a pas compris qu’il y avait un ou deux petits marqueurs à chaque projet ou proposition de loi qui font hurler les patrons… "