L’INFO. Si Pierre Gattaz voulait ennuyer le gouvernement, il ne s’y serait pas pris autrement. Mardi, alors que François Hollande l’a invité à l’accompagner aux Etats-Unis, le patron de Medef a assuré qu’il refuserait toutes contreparties au pacte de responsabilité. Si Jean-Marc Ayrault l’a recadré immédiatement, le problème est ailleurs, comme l’explique Caroline Roux, éditorialiste politique d’Europe 1 : plus personne ne veut du pacte de responsabilité du président !
"Un deal incertain". Non, Pierre Gattaz n’a ni dérapé ni parlé trop vite. Et contrairement à ce qu’a ironisé Jean-Marc Ayrault, ce n’est pas « le décalage horaire » qui a poussé le patron des patrons à cette sortie. Non, si Pierre Gattaz a agi de la sorte, c’est qu’il doit faire face à la grogne de sa base, et qu’il devait marquer le coup. Les chefs d’entreprises se sont mis à défiler dans son bureau, remontés comme des pendules contre ce pacte de responsabilité sur lequel ils n’ont aucune visibilité. Comme le confie un fin connaisseur du patronat, au sein même de la direction du Medef on se demande comment Pierre Gattaz "a pu accepter un deal si incertain".
Les patrons ne sont pas les seuls à s’inquiéter. Au Parti socialiste aussi on se cabre. Lundi s’est tenu un séminaire sur le sujet, qui a fâché l’aile gauche. Bruno le Roux, le chef des députés PS, explique quant à lui que si le patronat en demande trop et refuse les contreparties, il n’est pas interdit de changer d’interlocuteur et de parler aux PME… Ambiance.
"Il fallait aller vite, ça c’est raté". Quant au gouvernement, il tente de sauver les meubles et de trouver des points d’accord entre la CFDT et le Medef. Les engagements chiffrés n’ont pas fait long feu. On tente donc des accords de branche avec les restaurateurs, le bâtiment, la métallurgie pour arracher des objectifs d’embauche, de formation et d’investissement. "Il fallait aller vite, rester sur le souffle de l’annonce, ça c’est raté", constate un proche du président, avant d’imaginer une porte de sortie politique pour son vieil ami : "si ça capote, le président pourra dire : ‘j’ai tenté de travailler avec le Medef, ce n’est pas possible'".
Autant dire que le pacte de responsabilité a du plomb dans l’aile. Le projet de François Hollande était de redonner de la confiance au pays en assumant un discours clair, simple vis-à-vis de l’entreprise. Il est entrain d’être altéré par les calculs du patronat, les vieux réflexes de la gauche, la lenteur de l’appareil d’Etat et l’inertie du dialogue social. A François Hollande de remettre tout le monde dans le rang.
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