CONTEXTE. Les plus fidèles seront là. Ils sont toutefois de moins en moins nombreux. Dimanche et lundi, l’Association des Amis de Sarkozy organise sa deuxième réunion estivale, à Arcachon. Comme à Nice l’année dernière, l’ancien président ne sera pas là, mais sera attentif aux présences des uns et des autres. Après le meeting de Jean-François Copé et le séminaire de François Fillon, c’est un peu sa rentrée à lui. Et Nicolas Sarkozy n’a jamais compté si peu d’amis. Sauf chez les sympathisants de droite...
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Des absents qui font parler. L’été dernier, ils se bousculaient pour être sur la photo de famille (ci-dessous). Cette année, ils traînent la patte. Xavier Bertrand, Bruno Le Maire, Henri Guaino, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko-Morizet, Luc Chatel, François Baroin, Claude Guéant ou encore Eric Ciotti ne seront, cette année, pas présents au rassemblement. François Fillon, plus émancipé que jamais, non plus. Un lâchage en règle ? "Absolument pas !" s’offusque Pierre Charon, sarkozyste historique et vice-président de l’Association, contacté par Europe1.fr.
Pourtant, depuis quelques semaines, les contre-exemples pullulent. A commencer par François Fillon s’affranchit chaque jour un peu plus de son ancien patron, en témoigne sa rentrée très active et ses multiples interventions médiatiques. "On est à fond !", s’enthousiasme Jérôme Chartier, son lieutenant, joint par Europe1.fr. Jean-François Copé, agacé par les critiques récurrentes de Nicolas Sarkozy rapportées dans la presse, a accepté d’ouvrir la boite de Pandore de l’inventaire du mandat Sarkozy. Les critiques vont tomber comme à Gravelotte, et il le sait. "Le droit d’inventaire n’est en aucun cas un moyen d’abimer l’image de Sarkozy, sinon les deux grognards de la sarkozye que sont Brice Hortefeux et moi-même ne l’aurions pas soutenus (rires) !", rétorque Pierre Charon (photo), pour qui "Jean-François Copé a été malin sur ce coup là…"
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Inventaire ou grand déballage ? Le droit d’inventaire, véritable choix politique ou moyen de critiquer l’action de celui qui était adulé hier ? Déboulonner la statue du commandeur, c’est insinuer le doute dans l’esprit de la France de droite, qui ne jure que par lui. "Non, Sarkozy n’est pas la seule solution à ton problème, peuple de droite !", tel est le cri du cœur des amoureux d’hier, devenus les sceptiques d’aujourd’hui. Et les ambitieux de demain.
N’en déplaise à Pierre Charon, les vannes sont donc ouvertes. "Il y a eu des faiblesses comportementales et politiques", a allumé Jean-Pierre Raffarin dans Le Monde. Valérie Pécresse, elle, prépare un livre critique sur l’action de la précédente majorité. Jean-François Copé, qui jure qu’il se rangera derrière Sarkozy en cas de retour de ce dernier, n’a cité le nom de l’ancien président que deux fois dans son discours de rentrée, lui qui n’avait que ce nom à la bouche l’année dernière.
La base de l’UMP reste fidèle. De moins en moins soutenu dans son camp, Nicolas Sarkozy reste pourtant incontournable. Là est le paradoxe de l’ancien président. Battu par François Hollande, contraint au silence et donc (quasi) absent de la scène médiatique depuis plus d’un an, il reste, assez largement, le candidat préféré des sympathisants de l’UMP. "Que les militants soutiennent toujours Sarkozy, c’est logique, car ils l’ont vu en action. Il a l’expérience pour lui. Mais quand ils verront davantage Fillon - et il va s’y employer pendant les trois années à venir - ils vont l’apprécier au moins autant", espère le filloniste Jérôme Chartier (photo).
Dans le Top 50 des personnalités préférées des Français, publié début août par le JDD, l’ancien chef de l’Etat a fait un retour fracassant, entrant directement à la 20ème place. Sarkozy n’est plus là, mais Sarkozy plaît toujours autant. Un sondage Ifop paru samedi dans Sud Ouest accrédite cette théorie : plus de la moitié des sympathisants de l'UMP (54%) souhaitent que Nicolas Sarkozy soit le candidat du premier parti d'opposition à l'élection présidentielle de 2017, loin devant François Fillon et Alain Juppé. Être favori en restant en retrait, "ce paradoxe n’est pas nouveau", décrypte pour Europe1.fr Frédéric Dabi. "Nicolas Sarkozy sait qu’il peut à tout moment jouer la carte du peuple contre les caciques de l’UMP, comme l’avait fait Ségolène Royal en 2006".
Pour le sondeur, si personne ne s’attaque frontalement à Nicolas Sarkozy, "c’est parce qu’ils savent tous que, malgré sa défaite, il reste une icône chez les sympathisants, qui plébiscite son bilan à 86% !" Et le directeur général adjoint de l'Ifop de conclure : "c’est une situation inédite pour un président battu, car tout se passe comme si les militants ne lui en voulaient pas." L’ancien président le sait. Les ténors de l’UMP aussi. A chacun d’affiner sa stratégie en fonction de ce "paradoxe Sarkozy."