Le gouvernement sait maintenir le suspens sur PSA. "Je résiste assez bien à la torture", a même ironisé le ministre de l’Économie Pierre Moscovici, lors du Grand Rendez-vous Europe1 – i>Télé – Le Parisien – Aujourd’hui en France. Interrogé sur la stratégie précise du gouvernement pour faire pression sur le constructeur français, le ministre s'est contenté de répéter ce qu'a dit François Hollande le 14 juillet.
"Expertise, concertation, décision"
"Il doit y avoir une phase nouvelle pour PSA. Nous n'accepterons pas le plan tel quel", a réaffirmé Pierre Moscovici dimanche. Nomination d'un expert automobile pour établir le diagnostic précis de PSA, appel à une concertation entre direction et syndicats du groupe, annonce de mesures précises le 25 juillet lors de la présentation d'un plan de restructuration de la filière automobile... le ministre a rappelé le calendrier de réaction du gouvernement pour faire face aux 8.000 suppressions de postes prévus par le constructeur (lire le détail de ce calendrier ici). Jusque là, les pistes envisagées sont "confidentielles", pour reprendre les termes exacts du ministre.
Pierre Moscovici refuse de se prononcer sur les mesures pour PSA avant le 25 juillet
Pierre Moscovici a également réitéré l'accusation de la gauche selon laquelle le constructeur français a attendu l'après présidentielle pour révéler l'ampleur de ses difficultés économiques. "Il a été choisi de différer le plan social de PSA. J'ai rencontré Philippe Varin (patron de PSA) avant l'élection, jamais il ne m'a dit que le plan de restructuration serait de cette ampleur", a regretté le ministre. La gauche accuse l'ancienne majorité de s'être entendue avec de grands industriels pour différer l'annonce de plans sociaux après la présidentielle, pour ne pas entacher la campagne du président sortant Nicolas Sarkozy.
"Nous ne nions pas le problème du coût du travail"
PSA prévoit 8.000 suppressions de postes pour faire face à ses difficultés économiques (lire notre analyse "comment PSA en est arrivé là".) Philippe Varin les explique en partie par un coût du travail trop élevé en France. Un problème sur lequel est également revenu Pierre Moscovici.
"François Hollande ne nie pas le problème du coût du travail. Hausse de la CSG, Impôt comportemental, fiscalité écologique... Toutes les pistes sont étudiées, sauf une hausse de la TVA", a assuré le ministre de l’Économie. (Lire notre analyse : "le travail coûte-t-il trop cher en France?").
Le gouvernement a confié à l'ancien président d'EADS, Louis Gallois, une mission sur la compétitivité des entreprises pour préparer la mise en œuvre de mesures avant la fin de l'année. Il a par ailleurs annoncé que le financement de la protection sociale serait réformé en 2013, un moyen de déplacer une partie des prélèvements du travail vers une autre assiette. "Mais la réduction du coût du travail n'est pas la seule chose importante. Il faut assurer le financement et l’innovation des PME pour relancer la compétitivité", a tenu à préciser Pierre Moscovici.
Une banque publique d'investissement à l'automne
Sur ce sujet, il a d'ailleurs affirmé que la "Banque publique d'investissement verra le jour à l'automne". Le ministre a indiqué qu'un inspecteur général des finances va travailler tout le mois de juillet avec les acteurs concernés pour une "mission de préfiguration." En septembre, une "personnalité" lancera la banque, et le temps de régler toutes les "démarches juridiques", les premiers chèques pour les entreprises arriveront "très vite" a déclaré Pierre Moscovici sans plus de précisions.
Le ministre de l’Économie détaille l'élaboration de la Banque publique d'investissement
Le but de cette promesse de campagne de François Hollande : optimiser les dispositifs existants pour faciliter le financement des "PME innovantes" pour réduire le défaut de la compétitivité française.