Le quotidien d’un trésorier de campagne

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Fabienne Cosnay , modifié à
MÉTIERS DE CAMPAGNE #1 - Il tient les cordons de la bourse. Pas toujours facile.

>> Ils travaillent dans l’ombre du candidat, s’agitent en coulisses pendant la campagne. A quelques semaines du premier tour, Europe1.fr vous fait découvrir des métiers peu connus en marge de la présidentielle. Cette semaine, épisode 1 : trésorier de campagne.

C’est l’un des seuls à pouvoir dire non au candidat. Non à une dépense supplémentaire parce que les comptes ne suivent pas. Dans l’équipe qui entoure le candidat, le trésorier de campagne occupe un poste à haute responsabilité. L'homme qui gère les finances n'est jamais choisi par hasard. Plus il est tatillon,  mieux c'est. "Eva Joly voulait quelqu’un qui gère la trésorerie avec la rigueur nécessaire (…) J’ai la réputation de ne pas être facile sur les questions financières", s'amuse Yves Contassot, trésorier de la campagne de la candidate d’Europe Ecologie - Les Verts.

La bible du trésorier, "le guide du candidat et du mandataire"

Ces derniers jours, le "Monsieur Finances" du parti, banquier de profession, a occupé le job à plein temps. Le budget global de la campagne d'Eva Joly vient d’être revu à la baisse, autour de 1,7 million d'euros, au lieu des 2 millions prévus au départ. "Il va falloir rogner sur la com’", prévient Yves Contassot. La réimpression des T-shirts avec les lunettes rouges caractéristiques de la candidate d’EELV n’est plus à l’ordre du jour. Les meetings, eux, seront tous maintenus mais "on fera des économies", assure le trésorier.

Des réajustements constants qui font partie du job, selon Yves Contassot. "C’est un poste qui demande à la fois beaucoup de sang-froid et de réactivité", souligne le trésorier d’Europe Ecologie-Les Verts. Toutes les semaines, le mandataire financier fait un point sur le budget avec l’équipe de campagne. A sa charge, la vérification de chaque recette engrangée, de chaque centime dépensé.  Pour éviter les couacs, tout trésorier de campagne a sa bible, "le guide du candidat et du mandataire" rédigé par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). Un document de 75 pages …  indigeste pour un citoyen lambda.

"Faire avec des bouts de ficelle"

Tout le budget doit être répertorié sur un compte de campagne qui sera envoyé, après le 6 mai, à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. L’organisme validera ou non les comptes. Et de cette validation, dépendra le remboursement d’une partie des frais de campagne. Essentiel quand on est un petit parti. En 2012, les candidats qui obtiendront moins de 5% des voix ne toucheront que 800.000 euros.

Au NPA, la mandataire de Philippe Poutou, Catherine Della, a construit tout le budget de la campagne en fonction de ce chiffre. "C’est simple, on n’a pas d’argent, donc, on ne dépense pas plus de 800.000 euros",  explique t-elle. La majorité des dépenses a été investie dans la recherche des 500 signatures. Le candidat du NPA les a obtenues mais aujourd’hui, "le parti fonctionne avec des bouts de ficelle", reconnaît Catherine Della. Le job de la trésorière consiste à gérer les comptes en ayant recours au système D. "Jongler entre les salles de meetings gratuites et celles qui ne sont pas très chères" ou "dormir chez les camarades plutôt qu’à l’hôtel".