François Hollande a tranché. Un nouveau gouvernement va être annoncé mardi, sans Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti, qui ont chacun confirmé leur départ. Mais cette décision surprise de changer d'équipe, cinq mois seulement après la constitution du gouvernement Valls I, pourrait-elle mettre en danger la majorité, sur fond de fronde de l'aile gauche du Parti socialiste ?
Le danger : une opposition sur la gauche. La question, épineuse, a été évoquée dès lundi matin par François Hollande et Manuel Valls, avant d'acter la démission collective du gouvernement. Elle a même fait hésiter le chef de l'Etat jusqu'au dernier moment. Car pour l'exécutif, remanier est un pari à haut risque. Le danger est de voir se constituer, au sein même de la majorité, une opposition sur l'aile gauche qui pourrait rendre le pays ingouvernable.
Car l'exécutif a fait ses calculs. A l'Assemblée nationale, les socialistes comptent 290 députés. Parmi eux, une trentaine de "frondeurs", auxquels pourraient venir s'ajouter dix ou vingt députés proches d'Arnaud Montebourg. Or, la majorité absolue nécessite 289 voix…
Montebourg à la tête des "frondeurs" ? Le risque pour Hollande, c'est que ces frondeurs divisés et dépourvus de réel leader puissent trouver en Arnaud Montebourg un chef et en Benoît Hamon, qui va retrouver son siège de député, un porte-parole à l'Assemblée nationale. Un danger auquel sera très vite confronté le nouveau gouvernement : dans quelques semaines, le Parlement examinera ce qui s'annonce comme l'un des textes les plus contestés de la législature, le projet de loi de finances pour 2015. Le député PS Laurent Baumel, l'un des "frondeurs" les plus remontés, a déjà annoncé qu'au minimum, lui et ses camarades pourraient s'abstenir.