Popularité au plus bas pour François Hollande, ras-le-bol fiscal, difficultés des Français à boucler leurs fins de mois… Dans ce contexte difficile, les Journées parlementaires du Parti socialiste, qui se sont ouvertes lundi à Bordeaux, ne se déroulent pas franchement dans une ambiance festive. Beaucoup d’élus socialistes, confrontés au mécontentement sur le terrain, se sentent coincés entre la politique du gouvernement et le ressenti des électeurs.
Le verre "aux trois quarts vide". Alors certains députés ne cachent plus leurs doutes. "La politique du gouvernement, elle suscite des interrogations, chez les Français mais aussi chez les députés. Après, certains verront le verre au quart plein et d’autres aux trois quarts vide. Nous, comme on est des députés de terrain, on a plutôt tendance à le voir aux trois quarts vide", explique ainsi le député de Paris Pascal Cherki à Europe 1. "On essaye de voir comment on peut le remplir et le rééquilibrer."
"La gestionnite aigüe, ça suffit !" Surtout, les élus socialistes ne veulent plus se taire. "Il y a un truc qu’il faut arrêter, c’est la langue de bois, dire ‘alors voilà, on pense que ce gouvernement, tout est super’. Personne va nous croire", explique Pouria Amirshahi. "Au-delà du soutien au président de la République, il n’y a pas qu’une seule politique possible, il y en a plusieurs et il faut en discuter. Et on a droit de dire qu’il y a des choix budgétaires et fiscaux qui ne correspondent pas forcément à ce que les gens attendent", poursuit le député des Français de l’étranger. Claude Bartolone (photo), dont ce n'est pas la première sortie sur le sujet, a appelé les élus socialistes à en "finir avec ce satané débat" sur la fiscalité, possible "boulet" alors que le parti entre "en campagne électorale" pour les municipales et européennes. "Mes camarades, la gestionnite aigüe, ça suffit !", a encore tonné le président de l'Assemblée nationale. "Depuis un an, nous donnons trop souvent le sentiment d'administrer des choses quand il faut gouverner des hommes."
"Je crains un échec historique". Certains députés versent même dans un brin d’alarmisme. "Je crains une perte durable de confiance, non seulement dans la gauche au pouvoir, mais aussi dans les partis de gouvernement. Je crains la montée du Front national, je crains une crise de la démocratie française et je crains un échec historique", assène ainsi Laurent Baumel, député d’Indre-et-Loire.
Risque de divorce. Le plus souvent, ceux qui parlent le plus volontiers au micro font partie de l’aile gauche du PS. Mais ces députés disent souvent tout haut ce que d’autres, de plus en plus nombreux, confient à voix basse. En tous cas, avec 76% de mécontents de l’action du gouvernement, selon un récent sondage, certains élus n’hésitent plus à parler d’un risque de divorce entre les Français et le chef de l’Etat.