Le conseiller spécial de l'Elysée Henri Guaino qui éprouve, lundi, de la "commisération" pour "la pauvre" Najat Vallaud-Belkacem, la porte-parole de Hollande comparant, elle-même, ce week-end, Nicolas Sarkozy à Vladimir Poutine. A moins de 60 jours de la présidentielle, le ton et les mots se durcissent entre les camps du candidat UMP Nicolas Sarkozy et de son rival socialiste François Hollande.
Nervosité croissante des deux camps
"La campagne est très courte, il faut monter sur le ring. Les coups sont plus durs", reconnaissait lundi matin Yves Jégo, vice-président du Parti radical et ex-secrétaire d’Etat de Nicolas Sarkozy, interrogé par Europe1.fr. C’est une "campagne à l'américaine" des publicités négatives et des mises en scènes, estime pour sa part Pierre Moscovici. Invité dimanche d’Europe 1, le directeur de campagne du candidat PS s'est montré, lui-même plus acide, plus mordant. "J'ai même vu que Nicolas Sarkozy avait pris le train, il va à la cantine, il met un col roulé. Tout ça est artificiel, ce que fait Nicolas Sarkozy, c'est jouer sur l'amnésie des Français et c'est mentir, c'est travestir la vérité", a-t-il fustigé.
Najat Vallaud-Belkacem est allée plus loin encore. Dans un communiqué publié ce week-end, la porte-parole de François Hollande qualifiait le candidat de l'UMP de "mélange de Silvio Berlusconi et de Vladimir Poutine, avec le vide idéologique de l'un et la brutalité des méthodes de l'autre."
Guaino : "si je vous traite de sale con ?"
La nervosité croissante des deux camps s’est également illustrée samedi par un débat entre le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, et l'élu PS Jérôme Guedj. Le premier s'est emporté lorsque le second a qualifié d'indigne le débat organisé par l'Elysée sur l'identité nationale.
"Si je vous traite de sale con, ça va vous plaire ? Vous me traitez d'indigne ! Je ne viens pas sur des plateaux pour me faire insulter", a lancé Henri Guaino, tandis que l'élu PS lui suggérait de se faire élire pour gagner en légitimité.
Sarkozy dans l’arène
Enfin, dernier épisode attestant de la montée d’un cran des invectives dans la campagne, par la personne du président-candidat lui-même lundi matin, sur RTL .Nicolas Sarkozy y a fait une allusion à la compagne de François Hollande, la journaliste Valérie Trierweiler, qui anime une émission sur la chaîne Direct 8 du groupe de Vincent Bolloré. "Est-ce que le fait de travailler dans le groupe de Vincent Bolloré crée un sentiment de dépendance du candidat socialiste à l'endroit de Vincent Bolloré?", s'est-il interrogé. "Réponse, non. Je ne lui ferai pas ce procès, j'aimerais qu'on ne me le fasse pas à moi non plus", a-t-il ajouté alors qu’il était questionné la brève croisière qu’il avait réalisé, en 2007, sur le yacht du même Vincent Bolloré.
"La campagne est courte, les coups plus durs"
"C’est viril", estime encore Yves Jégo. Mais "ce n’est certainement pas la première fois que l’on assiste à ce genre d’invectives", précise-t-il. "Il est, cependant, vrai que la campagne de 2007 avait été plus mesurée. Nicolas Sarkozy a d’ailleurs beaucoup théorisé sur le sujet : la présence d’une femme candidate, Ségolène Royal, changeait la donne : les Français auraient peu compris la même brutalité à l’encontre d’une femme", explique le député.
Mais "ce qui tue la politique, ce ne sont pas les coups, mais bien la communication lissée des politiques", ajoute l’ex-secrétaire d’Etat, pour qui, au final, "le candidat qui va perdre n’est pas celui qui aura donné des coups mais celui qui aura perdu ses nerfs".
Si Nicolas Sarkozy rentre ainsi dans la campagne "à manches retroussées", c’est qu’il y a en fait une inversion des rôles entre un François Hollande qui mène une campagne presque en retrait, qui gère la course, et Nicolas Sarkozy contraint de jouer les challengers", analyse pour Europe1.fr Frédéric Dabi, directeur adjoint de l’Ifop, qui rappelle que même si certains sondages semblent indiquer une remontée du président-candidat, toutes les enquêtes donnent toujours une victoire écrasante de François Hollande au second tour.