Nicolas Sarkozy se demandait la semaine dernière s'il devait se rendre dans le Doubs entre les deux tours de l'élection législative partielle pour soutenir le candidat de l'UMP. Cette question, au moins, est réglée, après l'élimination de celui-ci dès le premier tour dimanche, au profit du Front national et du Parti socialiste. Un coup dur pour le président de l'UMP : la première élection depuis son accession à la tête du parti se solde par un échec. Surtout, c'est la première fois depuis 2012 que l'UMP est éliminée dès le premier tour d'une élection partielle. Sur les treize scrutins qui s'étaient déroulés avant celui du Doubs, le parti et ses alliés en avaient remporté douze.
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Un début d'année compliqué. Cet échec vient s'ajouter à un début d'année déjà compliqué pour Nicolas Sarkozy. Après les attentats de Paris, le patron de l'UMP avait été, bien malgré lui, privé de critiqué le gouvernement pendant un certain temps. C'est lui qui aura finalement brisé l'union nationale en critiquant, le 21 janvier au 20 Heures de France 2, les propos de Manuel Valls sur l'"apartheid". Même s'il ne s'agit que d'une élection locale, la défaite de l'UMP dans le Doubs l'empêche à nouveau de relancer une dynamique en sa faveur.
Il n'a pas choisi le candidat, assure son entourage. Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, on cherchait dimanche soir à nier une quelconque responsabilité de l'ancien chef de l'Etat. Le candidat de l'UMP, Charles Demouge, n'a pas été choisi par le président du parti, explique-t-on, mais par le trio Juppé-Raffarin-Fillon, chargé de gérer les affaires courantes avant l'élection de Sarkozy en novembre.
Un argument repris par Gérald Darmanin, secrétaire général adjoint de l'UMP en charge des élections (photo), lundi au micro d'Europe 1. Nicolas Sarkozy "est arrivé à la tête de l'UMP il y a quelques semaines, le candidat et la stratégie avaient déjà été choisis", a-t-il insisté. D'ailleurs, Charles Demouge avait lui-même pris quelques distances. Interrogé par Le Point la semaine dernière, il n'avait pas montré un enthousiasme extraordinaire à l'idée que Nicolas Sarkozy vienne le soutenir…
Quelques voix contre le "ni-ni". Une semaine compliquée s'annonce maintenant pour le patron de l'UMP, avec cette question : faut-il donner une consigne de vote aux électeurs du Doubs ou s'en tenir au "ni-ni" ? Nicolas Sarkozy a opté pour la deuxième solution. Selon les informations d'Europe 1, il souhaite appeler à ne voter ni FN ni PS lors du second tour. La décision officielle du parti sera annoncée mardi soir, à l'issue d'un bureau politique.
Les discussions seront-elles consensuelles ? Nicolas Sarkozy fait face à quelques voix discordantes au sein de sa famille politique. Comme celle de Nathalie Kosciusko-Morizet. La députée de l'Essonne, qu'il a nommée numéro 2 de l'UMP, a annoncé lundi sur BFMTV qu'elle défendrait le vote PS pour faire barrage au FN "à titre personnel". L'ancien ministre Dominique Bussereau, proche de Jean-Pierre Raffarin, s'est lui aussi prononcé dans ce sens.
Divisions internes. Même si la ligne du "ni-ni", soutenue par plusieurs ténors comme Laurent Wauquiez et Bruno Le Maire, reste majoritaire, Nicolas Sarkozy ne parvient donc pas à s'épargner des divisions internes. "Le plus grave, c'est qu'il n'arrive pas à faire parler le parti d'une seule voix", s'inquiète un ancien ministre UMP cité par l'AFP. Un handicap pour celui qui, depuis son élection à la tête du parti, prône le "rassemblement" à tout-va.
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