L’épisode Charon avait déjà passablement déchiré la fédération parisienne de l’UMP le mois dernier, le cas Dati pourrait, cette fois, achever de la diviser. Dimanche soir, l’ancienne garde des Sceaux a eu la main lourde, pilonnant sévèrement François Fillon, qui ambitionne de se présenter aux élections législatives de 2012 dans la circonscription parisienne qu'elle convoite également.
L’eurodéputée s’est ainsi dite "choquée", sur France Inter/France Culture/le Mouv', "qu'au lieu de s'occuper des Français et de leurs difficultés, le Premier ministre soit en Corée, au Japon". "Aujourd'hui, François Fillon s'intéresse à son avenir politique. Peut-être que le président de la République a besoin de lui en première ligne pour protéger les Français, en particulier en période de crise", a-t-elle encore raillé.
Couardise et népotisme : Fillon vu par Dati
Et puis, "il faut dire les choses", a insisté Rachida Dati : François Fillon "a dit à des ténors de la majorité qu'il allait être battu dans la Sarthe. Il a dit ‘je veux une circonscription acquise à la droite’, c'est facile, quel mépris pour la démocratie et pour les électeurs !".
A la couardise, l'ancienne garde des Sceaux a ensuite ajouté le népotisme aux qualités qu’elle prête à François Fillon, l’accusant d'avoir fait recruter au ministère des Finances un fils de l'ancien maire de Paris Jean Tiberi (le gouvernement avait déjà dû s'expliquer sur cette affaire) . Or, échange de bon procédé, ce même Tibéri s’apprête à laisser sa circonscription de la capitale au Premier ministre.
"Il ne faut pas jouer 2014 avant 2012", s’agace l’UMP
"Tout ce qui est excessif est non avenu", s’est agacée, lundi matin, Valérie Rosso-Debord, déléguée générale adjointe de l'UMP, jointe par Europe1.fr. "Paris est un cas à part", a-t-elle estimée, jugeant normal que les tensions y soient plus vives. Mais, tout de même, "eurodéputée, c’est un mandat important. Juger que cela est inférieur à un mandat national, n’est pas un bon signal à envoyer", a-t-elle asséné, épinglant Rachida Dati.
"Il ne faut pas jouer 2014 avant 2012", a renchéri la déléguée générale adjointe de l’UMP, rappelant que ce qui se joue dans cette mini-guerre des tranchées, c’est avant tout un encrage pour les municipales de 2014.
Copé "convoque"
Philippe Goujon, le président de la fédération parisienne de l’UMP, le reconnaissait lui-même, il y a un mois : l’objectif est bien Paris 2014. Le "positionnement politique" de François Fillon "est assez large à droite" pour qu'il soit élu maire de la capitale dans trois ans, prédisait-il alors. Une fonction que Rachida Dati se verrait également occuper.
Face à ces déchirements qui avaient déjà eu lieu entre Jouanno et Charon lors des dernières sénatoriales, Jean-François Copé, le patron de l’UMP, a décidé de convoquer, lundi après-midi, les pro-Fillon et les anti-Fillon de la fédération de Paris. Car Rachida Dati n’est pas seule à mener la charge : l’ex-proche de Sarkozy Pierre Charon ne s'est pas remis de son traitement le mois dernier, les maires du 16e Claude Goasguen et du 6e Jean-Pierre Lecoq devraient également faire part de leur mécontentement.