Candidat malheureux de la présidentielle, arrivé cinquième à l'issue du premier tour, François Bayrou devra batailler dur sur le front des législatives dans les semaines à venir. Député de la deuxième circonscription des Pyrénées-Atlantiques depuis 10 ans, le président du MoDem a toujours été confortablement élu. Mais cette fois-ci, le leader centriste pourrait payer cher sa prise de position personnelle en faveur de François Hollande dans l'entre-deux tours.
L'UMP mise sur une figure locale
La commission nationale d'investiture de l'UMP a en effet décidé mercredi de présenter un militant local, Eric Saubatte, comme candidat face au président du MoDem. Eric Saubatte, Palois de 41 ans, militant RPR puis UMP, a reçu cette l'investiture lors de l'ultime réunion de la commission, au siège de l'UMP.
Il a été préféré à Frédéric Nihous, président de Chasse Pêche Nature Traditions (CPNT), candidat à la présidentielle en 2007 et soutien de Nicolas Sarkozy dès le premier tour en 2012. En janvier, la commission d'investiture de l'UMP avait pourtant choisi, par "élégance", de ne pas investir de candidat face au député béarnais. En 2007, l'UMP avait présenté quelqu'un face à François Bayrou avant de retirer au lendemain du premier tour ce candidat, qui pouvait se maintenir au second en triangulaire.
Un cas de figure inédit cette année, qui pourrait donc barrer la route à un nouveau mandat du Béarnais Bayrou.
La volte-face du PS
Car une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, la première secrétaire du PS, Martine Aubry, a assuré mercredi que son parti maintiendrait sa propre candidate face au président du MoDem, François Bayrou, dans la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques. A l'instar de Ségolène Royal ou Pierre Moscovici, plusieurs voix dans le parti avaient pourtant préconisé le contraire. C'était sans compter sur la patronne du PS. "Il n'y a pas de service rendu, on ne fonctionne pas comme ça dans la République", a-t-elle argumenté à propos du vote du leader centriste en faveur de François Hollande au deuxième tour de la présidentielle. Le Bureau national du PS a, dans la foulée, entériné le maintien de Nathalie Chabanne, au 1er tour, face au leader centriste.
En coulisses, les socialistes relativisent la portée de l'annonce du jour, laissant entendre qu'un soutien à François Bayrou dès le 1er tour ne lui aurait pas rendu service, en faisant fuir ses électeurs traditionnels, et renvoient au second tour un éventuel accord.
Un accord au second tour ?
Une décision pourtant accueillie avec amertume au MoDem."Tout ceci est très brouillon, qu'ils se mettent d'accord entre eux. Nous n'avons pas à entrer dans les débats internes au PS", a réagi l'eurodéputé, Jean-Luc Bennahmias, qui avait appelé lui aussi à voter Hollande au second tour.
Certains socialistes tentent alors de calmer le jeu. "Il n'a jamais été question d'alliance particulière avec le MoDem à ma connaissance. C'est en tout cas pour le 1er tour une très bonne démarche", explique ainsi la députée Marisole Touraine.
Le candidat MoDem, habitué aux combats en solitaire, ne pourra donc une nouvelle fois compter que sur lui-même pour espérer l'emporter au second tour. Mais en cas de duel avec le candidat UMP, il pourra alors peut-être cette fois-ci compter sur les socialistes et faire pencher la balance en sa faveur.