Pierre-René Lemas, nouveau secrétaire général de l’Elysée, est pour François Hollande presque un ami de 40 ans. Le nouvel homme fort de la présidence et le nouveau président de la République se sont rencontrés sur les bancs de l’Institut d’études politiques de Paris, puis au sein de l’ENA, dans la fameuse promotion Voltaire, entre 1978 et 1980. Trente ans et des poussières plus tard, les deux hommes s’apprêtent à collaborer plus étroitement que jamais.
Ministères et préfectorale
Si François Hollande a rapidement décidé de s’installer à Paris et en Corrèze, Pierre-René Lemas, né en février 1951 à Alger, a vécu lui une vie de préfet et de haut-fonctionnaire, avec les mouvements géographiques que cela suppose. L’homme a ainsi été sous-préfet ou préfet en Dordogne (en 1980), dans le Val-de-Marne, entre 1981 et 1983, mais aussi dans l’Aisne, en 1992, en Corse du Sud, entre 2003 et 2006 ou encore en Moselle, en 2007.
Mais il a aussi vécu une longue carrière dans les ministères. Il a ainsi été conseiller de Gaston Deferre, ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation (1983-84) puis celui de son successeur, Pierre Joxe jusqu'en 1985. Il a aussi été, à partir de 1988, directeur de cabinet de Jean-Michel Boucheron puis de Jean-Michel Baylet, secrétaire d'Etat aux collectivités avant de retrouver Pierre Joxe à l'Intérieur. Puis entre 1989 et 1992, il assume les fonctions de directeur général des collectivités locales à l'Intérieur.
"Rigide sur le sens de l'Etat"
Avec la gauche de retour aux affaires, en 1997, Pierre-René Lemas ne tarde pas à retrouver les ministères. Il devient ainsi en 1998 directeur général de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction au ministère de l'Equipement, puis directeur général de l'administration au ministère de l'Intérieur (2000-2003). Après une nouvelle alternance, il est nommé préfet de Corse du Sud, de 2003 à 2006. Il se fait connaître en refusant un permis de construire en zone protégée, à Bonifacio, pour l'acteur et ami de Nicolas Sarkozy, Jean Reno. "Je suis rigide sur le sens de l'Etat", aime-t-il à répéter.
Et s’il n’a jamais été adhérent du Parti socialiste, l’homme se revendique de gauche, "depuis toujours". Ce qui lui a d’ailleurs valu quelques déboires. "J'ai été débarqué deux fois, comme préfet de l'Aisne (1992-1994) pendant la cohabitation avec Balladur puis comme préfet de Moselle en juin 2007 pour avoir refusé la politique du chiffre", assure-t-il.
Pas un politique dans l’âme
Pour autant, l’homme assure ne jamais avoir voulu embrasser une carrière politique. "Je ne me suis même pas posé la question : le service de l'Etat a toujours été mon truc, je voulais être préfet", explique-t-il. D’ailleurs, il n’ambitionne pas de suivre les exemples de ses prédécesseurs Claude Guéant, devenu ministre et candidat aux législatives, ou l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin. "Nous reviendrons à une conception classique de la présidence avec une équipe qui aide le chef de l'Etat à prendre les décisions, dans la discrétion, sans parler à l'extérieur comme un Henri Guaino", assure-t-il.
Depuis octobre 2011, Pierre-René Lemas était le directeur de cabinet du nouveau président PS du Sénat Jean-Pierre Bel. Il a été choisi par un certain François Hollande. Quelques mois plus tard, le voilà donc chargé des destinées du palais présidentiel. Le rôle est primordial, mais son titulaire reste souvent dans l’ombre. Sauf quand il s’agit d’annoncer la composition d’un gouvernement