L’INFO. Les écolos aussi se remettent au boulot. De jeudi à dimanche, Europe Ecologie - les Verts organise ses journées d’été, à Marseille. Un moment important pour le parti, qui en profitera pour faire le bilan de cette première année de la mandature Hollande et de la participation de ses deux ministres au gouvernement. Mais pas seulement.
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Le problème Hollande. Le président "n'est pas écolo, n'a pas d'appétit pour les idées écolos". Le jugement émane de Jean-Vincent Placé, chef de file des sénateurs écologistes au Sénat. Cécile Duflot - que le président apprécie pourtant - et les autres n’en pensent pas moins. François Hollande n’a, au cours de sa carrière, jamais érigé l’écologie en priorité, c’est vrai. Mais lors de sa campagne, le candidat socialiste avait promis la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim et assuré de son veto quant à l’exploitation des gaz de schiste. Une fiscalité écologique était également annoncée.
Mais depuis qu’il occupe le bureau de l’Elysée, rien n’a encore vu le jour. Sa promesse de ramener à 50 % la part de l'atome dans la production d'électricité à "l'horizon 2025", qui avait animé sa campagne, a également disparu des écrans radars. Les écologistes sont déçus, mais lui laissent encore une chance. "Le séminaire gouvernemental comme la conférence environnementale (qui aura lieu en septembre, Ndlr) ou le vote du budget, où il sera question de fiscalité écologique, permettront de voir si le gouvernement et le PS nous entendent mieux", prévient ainsi le secrétaire national, Pascal Durand, dans une interview à La Provence. La pression est là car la première année "n'a pas été à la hauteur des attentes de changement". "On reste frustré, très déçu du peu d'actions écolos dans cette première année", confirme à Europe 1 l'eurodéputé Yannick Jadot.
Le problème Valls. Au gouvernement, le ministre de l’Intérieur n’a pas que des amis. Chez les écologistes, il n’a "que" des ennemis. Sa sortie sur la compatibilité de l’islam avec la démocratie, ainsi que sur la nécessité de repenser le regroupement familial, les a ulcérés. Pas un ténor écolo qui n’est pas monté au front pour fustiger le positionnement du premier flic de France. "J'ai été surpris par la sortie de Manuel Valls sur la politique migratoire. Pour quelqu'un qui veut incarner l'ordre, c'est lui qui déclenche le désordre", a lancé Pascal Canfin, ministre délégué au Développement, sur leJDD.fr. "On ne choisit pas les contraintes dans lesquelles on agit. Autrement dit : nous n’avons pas choisi Manuel Valls comme ministre de l’intérieur", a ironisé Pascal Durand, patron d’EELV. Jean-Vincent Placé trouve quant à lui "assez paradoxal que celui qui veut incarner l'ordre républicain au sein du pays crée à la rentrée un tel désordre au sein du gouvernement et dans sa communication".
Le mot de la fin pour Cécile Duflot, qui prend plus de gants en ne citant pas nommément son collègue du gouvernement. Mais la prise de position est sans ambigüité : "en matière de justice, il n'y a qu'une ligne de gauche. Elle est très bien portée par Christiane Taubira", a tranché la ministre du Logement. Et si jamais Manuel Valls, ministre préféré des Français, devait s’installer un jour à Matignon, "je ne vois pas comment nous pourrions participer au gouvernement", affirme Pascal Canfin.
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Le problème du Budget. Le "budget 2014 est mauvais". En prononçant ces mots, le 2 juillet dernier, Delphine Batho a signé sa lettre de licenciement. La ministre de l’Ecologie d’alors s’était émue de la baisse de 7% de son portefeuille en 2014, une des diminutions les plus importantes du gouvernement. Jean-Vincent Placé, chef de file des sénateurs d’Europe-Ecologie - Les Verts, avait qualifié la décision du gouvernement de "signal désastreux vis-à-vis de la politique environnementale". Mais l’Etat doit réduire ses coûts : 14 milliards d’économies sont prévues, et tous les ministères sont mis à contribution.
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Reste une option sur la table, qui pourrait contenter les écologistes : la mise en place d’une véritable fiscalité écologique, qu’ils considèrent comme un marqueur de leur présence au gouvernement. Dans cette optique, Bernard Cazeneuve, ministre du Budget, a reçu Pascal Durand au cœur de l’été. "Je suis très content. "On va discuter. On va rentrer dans le dur", a commenté le patron des Verts, qui plaide pour deux avancées : la convergence de la fiscalité diesel et essence, et une grande contribution climat-énergie.
Le problème Eva Joly. Elle est aussi absente que Valls est présent. Depuis sa (lourde) défaite à la présidentielle, Eva Joly se terre. Mais n’a pas abandonné pour autant la politique. Fin juillet, le JDD assurait que son entourage étudiait l’idée d’une candidature aux élections européennes. "Sa place est garantie", assurait même Jean-Vincent Placé. Mais cela n’enchante pas tout le monde, à commencer par le député Vert François-Michel Lambert, comme en atteste ce tweet ci-dessous. Il devra se faire une raison : jeudi, Eva Joly a fait acte de candidature dans Le Parisien : "je serai candidate aux européennes".
Selon @lejdd : #Joly en piste pour les européennes. Probable n° 2 en IdF http://t.co/I6G0jljX4e=>Persister dans l'erreur....— FM LAMBERT (@fm_lambert) July 28, 2013
Eva Joly a eu, depuis le début, du mal à s’imposer chez les écologistes. "Aucune dynamique n'est possible quand on devient le punching-ball de sa propre famille", regrettait-elle après la campagne. Aurait-elle décidé de prendre le large ? Le dimanche 5 mai, l’ancienne magistrate défilait en tout cas aux côtés de Jean-Luc Mélenchon lors de sa "marche contre l’austérité". Le même Jean-Luc Mélenchon qui tire à boulets rouges sur un gouvernement où deux socialistes siègent à la table du conseil des ministres… "J’ai du mal à suivre certaines de ses positions…", s’interrogeait alors François de Rugy, le coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale. Il aura peut-être prochainement une réponse : le leader du Front de gauche a en effet invité Eva Joly à participer à la rentrée politique de son parti, fin août, à Grenoble.
Le problème Parti socialiste. Après six mois d’âpres discussions, EELV et le PS avaient réussi à se mettre d’accord en prévision des élections législatives de juin 2012, le principal parti de gauche "offrant" une soixantaine de circonscriptions aux écologistes. Mais depuis la victoire de François Hollande, la relation s’est tendue entre les deux alliés de la majorité, avec notamment quelques coups de gueules fracassants des écolos au Parlement. La défaite du PS à Villeneuve-sur-Lot, fief de Jérôme Cahuzac, en a donné une autre illustration flagrante.
Parce qu’il a maintenu son candidat, EELV a été accusé de précipiter la chute du candidat socialiste en éparpillant les voix de la gauche. "Le PS ferait mieux de s'inquiéter de la montée du FN, ces marchands d'illusion", lançait le député écolo Noël Mamère. "Quand on veut le rassemblement, il faut le construire", enchérissait François de Rugy, coprésident du groupe écolo à l'Assemblée, avant de prévenir : "le PS devrait faire attention à ne pas reproduire ce schéma en vue des élections municipales de 2014". C’est le prochain rendez-vous des Français avec l’isoloir. François Hollande - qui a reçu à dîner les chefs des partis alliés, un signe - a réclamé "une majorité unie". Dit autrement : le président souhaite qu’un seul candidat de la gauche ne soit sur la ligne de départ. Des heures de négociations en perspective…