Hugo Chavez franchit un premier obstacle dans sa médiation pour la libération des otages retenus par les FARC. Il a obtenu une première rencontre le 8 octobre au Venezuela avec un dirigeant du mouvement rebelle colombien. La sénatrice colombienne Piedad Cordoba, désignée par Bogota comme intermédiaire dans le dossier des otages, a indiqué qu'en "principe, la négociation se déroulera au Venezuela. Cela a bien été accepté par le président colombien et les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) ont également accepté que cela se passe là". L'étape suivante, a précisé Piedad Cordoba sera d'obtenir des Etats-Unis l'autorisation de rencontrer deux chefs guérilleros "Sonia" et "Simon Trinidad", emprisonnés aux Etats-Unis et dont la libération est exigée par la guérilla. La sénatrice a indiqué qu'elle rencontrera vendredi à Washington des sénateurs démocrates puis se rendra en Floride pour s'entretenir avec les familles des trois Américains retenus en otages par la guérilla colombienne depuis février 2003.
Juan Carlos Lecompte, le mari d'Ingrid Betancourt, estime que la prochaine négociation au Venezuela, entre Hugo Chavez et des porte-parole des FARC annoncée mardi, "sera un pas gigantesque". "L'important est de commencer et j'applaudis ces négociations", poursuit-il ajoutant: "c'est la première fois en cinq ans et demi que je suis optimiste". Toutefois, Juan Carlos Lecompte est conscient "qu'il s'agira de négociations difficiles, tortueuses et longues". Ingrid Betancourt a été enlevée le 23 février 2002. Elle fait partie avec les trois Américains du groupe de 45 otages que la guérilla, forte de 17.000 combattants, entend échanger, dans le cadre d'un accord humanitaire, contre 500 rebelles emprisonnés.
Les FARC et le président colombien affichent régulièrement des positions inflexibles et incompatibles. Ainsi, les FARC estiment "indispensable" l'établissement d'une zone démilitarisée pour permettre l'échange humanitaire entre otages et guérilleros détenus par les autorités colombiennes et soutiennent qu'une rencontre entre Chavez et le chef historique de la guérilla, Manuel Marulanda, ne peut avoir lieu que sur le territoire colombien. De son coté, le président Alvaro Uribe répète inlassablement son hostilité à toute forme de zone démilitarisée et refuse que la rencontre puisse se dérouler sur son territoire. Toutefois, les FARC ne peuvent pas tout refuser à Chavez au risque de perdre leurs alliés du camp progressiste en Amérique latine. Et Uribe ne peut apparaître aux yeux des Européens comme un obstacle absolu à la paix alors que ses relations avec les démocrates américains sont au plus bas.