Le timing ferait presque sourire. Vendredi, dans Le Figaro pour l’un, dans Le Parisienpour l’autre, Arnaud Montebourg et Manuel Valls montrent les dents. Ils sont jeunes, ambitieux, et ils assument. Les deux ministres en vue du gouvernement Ayrault se rêvent un destin politique doré. L’un le dit plus fort que l’autre, mais l’envie est la même.
Lui, quand il se rase, il se rase. La question est désormais entrée dans la scénographie politique. Manuel Valls s’en est sorti par une pirouette : quand il se rase le matin, lui ne pense qu’à "ne pas se couper". Un homme normal, en somme… Mais le ministre de l’Intérieur, 50 ans seulement, qui a dû "apprendre à devenir Français", lui le fils d’immigrés espagnols, ne trompe personne. "Me retrouver tous les mercredis au salon Murat (là où se déroule le conseil des ministres, ndlr), c’est une formidable responsabilité. Cela me suffit", assure-t-il.
Quelques secondes plus tard, l’ambitieux prend le pas sur le modeste. "Oui, j’ai de l’ambition, sinon, je ne serais pas là ! Si j’ai l’occasion demain d’exercer d’autres responsabilités, je les exercerai. On verra." Sauf qu’une fois arrivé place Beauvau, la marge de progression est plus étroite. Reste l’Elysée ou Matignon. Matignon où son nom circule en cas de remaniement…
"J’y pense depuis des années en me brossant les dents…" Il est le plus turbulent du gouvernement. Le plus contrôlable. Et pas le moins ambitieux de la bande. La présidentielle, Arnaud Montebourg en a rêvé, lui qui s’est présenté à la primaire socialiste, où il fut la surprise du chef avec sa troisième place. Désormais en responsabilité au ministère du Redressement productif, un poste où il prend des coups, il emmagasine de l’expérience, pour demain.
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Il ne s’en cache pas. "J’ai beaucoup d’ambition. Je ne l’ai jamais dissimulé." A l’inverse de Manuel Valls, que l’on doit lire entre les lignes, lui le dit haut et fort : "je n’ai pas besoin de dire que je pense à la présidence de la République en me rasant. J’y pense depuis des années en me brossant les dents…", glisse-t-il au Figaro. En 2012, alors que le candidat Hollande était en campagne, lui pensait déjà au coup d’après : "à partir de 2015, on va le ringardiser. Et après, on le tapera," assurait-il crânement.
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Le chantre de la Vie République y croit, s’appuie sur le succès en librairie de son programme - "je suis bankable, j’ai beaucoup de tirages", se gargarise-t-il - et sur son score à la primaire socialiste pour légitimer son ambition. Ses amis sont plus sceptiques. "Arnaud, il n’a personne avec lui. Ses proximités, des réseaux, ses soutiens s’évaporent à mesure que d’autres se constituent. Il est tellement différent de Valls." Si proche, aussi.