Le Front national reprochait aux premiers d'avoir eu un comportement "contraire à la morale publique". Les seconds étaient coupables de s'être "montrés haineux" envers le FN. Mais tous avaient un point commun, celui d'être considérés comme "nuisibles" par le parti d'extrême droite. Marine Le Pen, la patronne du FN, avait désigné dans l'entre-deux-tours huit candidats à battre, tout en réfutant le terme de "liste noire". Une liste paritaire : 4 candidats UMP et 4 de gauche (3 PS, 1 EELV). Dimanche soir, tous n'ont pas connu le même sort.
Ils siègeront à l'Assemblée nationale
Elle figurait en haut de la liste. Un traitement particulier avait donc été réservé à Nathalie Kosciusko-Morizet, dans la 4e circonscription de l'Essonne, pour son pamphlet anti-FN (Le Front antinational) sorti en 2011, et ses appels à voter PS contre le parti lepéniste. Plaidant la réciprocité, Marine Le Pen avait explicitement appelé à voter PS, tout comme des tracts du FN sur place, finalement retirés. L'hebdomadaire d'extrême droite Minute avait même appelé la semaine dernière à "liquider" NKM. L'ex-ministre l'a finalement emporté avec 51,48% des voix face au PS, une victoire très symbolique pour elle.
Lui a eu très chaud. Xavier Bertrand (UMP), très sévère à l'égard du FN, s'en sort de justesse et bat Anne Ferreira, candidate du PS de 222 voix (50,25%) dans la 2e circonscription de l'Aisne. Xavier Bertrand voit dans sa victoire et dans celle de NKM "la preuve que nous pouvons gagner sur nos valeurs, en restant nous-mêmes". L'ex-ministre du Travail a désormais les mains libres pour briguer la présidence du groupe UMP à l'Assemblée nationale.
Dans les Pyrénées-Orientales, Marine Le Pen visait la socialiste Ségolène Neuville dans la 3e circonscription. Pourquoi ? En raison d'"un contentieux entre Ségolène Neuville et Louis Aliot" (numéro deux du FN), selon Jean Castex, le maire UMP de Prades, principal adversaire de la socialiste. En tête au 1er tour, cette dernière l'a emporté (53,03%) face au candidat UMP. La socialiste savoure : "c’est la victoire d’une femme engagée. D’une femme, j’ai envie de dire normale, face à toute la violence qui s’est déchaînée venant de la droite et de l’extrême droite pendant cette dernière semaine".
François Pupponi, ancien bras droit de DSK avait, lui, obtenu la majorité absolue au premier tour dans la 8e circonscription du Val-d'Oise. Mais le maire PS de Sarcelles avait dû participer à un second tour en raison de la faible mobilisation des électeurs. Visé par une enquête pour "abus de biens sociaux", le socialiste l'a finalement emporté sans surprise dimanche soir avec 66,3% des voix face à l'UMP Marie-France Blanchet.
Ils devront retenter leur chance
L'avenir est désormais bien sombre pour ce "blacklisté". Georges Tron, député (UMP) sortant de la 9ème circonscription de l'Essonne, a été battu dimanche soir par le socialiste Thierry Mandon, au terme d'une campagne polluée par les affaires judiciaires du candidat UMP. Mis en examen pour viols, l'ancien ministre n'a eu de cesse de dénoncer une cabale du FN, en faisant valoir que le beau-frère de Marine Le Pen, Philippe Olivier, lui mène la guerre localement, et que l'avocat Gilbert Collard, candidate "mariniste", proche de la patronne du FN, est l'avocat de victimes présumées dans le dossier.
Il avait voulu se placer cette élection sur "le terrain des valeurs". Mais ça n'aura pas suffi. En appelant à soutenir son principal opposant, le Front national, qui l'accuse d'être "communautariste", lui barre finalement la route de l'Assemblée nationale. Slimane Tir, candidat EELV soutenu par le PS dans la huitième circonscription du Nord, a en effet été défait dimanche soir. Le dissident PS Dominique Baert l'emporte avec 69,58% des voix.
Autre UMP montré du doigt, Manuel Aeschlimann n'a rien pu faire. Le député sortant dans la 2e circonscription des Hauts-de-Seine a été défait par le maire d'Asnières-sur-Seine Sébastien Pietrasanta (PS), qui a obtenu 53,53% des suffrages. Mais dimanche soir, celui qui avait été condamné en 2009 pour favoritisme dans l'attribution d'un marché public a eu la dent dure contre Rama Yade, éliminée au premier tour. "Il est en effet évident que la candidature de division de Rama Yade a causé de lourds dégâts dans notre camp. La campagne dévastatrice que celle-ci a menée, faite d'attaques virulentes et calomnieuses à mon encontre a laissé des traces irréversibles en vue du second tour", a-t-il jugé.
Marine Le Pen n'avait pas expliqué pourquoi elle le plaçait sur sa liste. Mais pour Jack Lang, c'est le même tarif. La défaite. L'ancien ministre de la Culture, figure historique du PS, a été battu dans les Vosges dimanche soir. Dans la circonscription de Saint-Dié, Jack Lang recueille 49,12% des suffrages, soient 771 voix de moins que le sortant Gérard Cherpion (UMP). La chute est d'autant plus dure que l'ex-député du Pas-de-Calais rêvait du perchoir. Mais dimanche soir, Jack Lang l'assure : c'est "une forme d'honneur" d'avoir été "blacklisté par Madame Le Pen".
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