L'INFO. Raillé pour son manque d'idées, contesté dans son leadership et toujours malmené par la justice, Nicolas Sarkozy a une occasion toute trouvée de faire taire les sceptiques de droite : les élections départementales des 22 et 29 mars prochains. Un scrutin qui s'annonce cataclysmique pour la gauche et devrait donc profiter à l'UMP, et donc par voie de conséquence à Nicolas Sarkozy. A moins que le FN ne vienne contrecarrer ce bel alignement des planètes sarkozystes.
De retour sur le terrain. "Pour moi, c'est déjà une pré-campagne présidentielle". En déplacement jeudi à Marseille, le président de l'UMP n'a pas caché ses ambitions. Ces départementales sont, pour lui, un moyen de prendre le pouls du peuple de droite. Chaque semaine, il fait deux déplacements sur le terrain. "La semaine prochaine, il sera à Saint-Maur-des-Fossés le lundi, puis à Belfort le jeudi", confie son entourage, pas mécontent de voir que la "sarkomania" perdure en province.
Les candidats câlinés. Le 4 mars, Nicolas Sarkozy a également tenu une réunion téléphonique avec l'ensemble des candidats de l'UMP aux départementales. "Cela s'est très bien passé. Il a délivré un message de combat et de mobilisation, en assurant les candidats de son soutien total. C'était des échanges très personnels", raconte à Europe 1 un proche de l'ancien chef de l'Etat. Le 28 janvier dernier, Nicolas Sarkozy avait déjà reçu au siège national plus de 500 candidats. "Votre succès, votre score bénéficieront à l’ensemble de notre famille politique", leur avait-il lancé. Et le 7 mars, le parti sarkozyste organisera aussi une grande opération de mobilisation de ses fédérations. "Sarko" mouille le maillot.
"Non, ce n'est pas un test". "Il fait le job, c'est normal. C'est le rôle du président de l'UMP de faire campagne", minore un député proche de François Fillon. A l'UMP, on ne se risque d'ailleurs pas à avancer d'objectifs chiffrés trop ambitieux. Un gain de 15 à 20 départements serait considéré comme un bon score. En privé, Nicolas Sarkozy se refuse à donner un pronostic. Et quand on l'interroge sur le sujet, l'ancien président élude. "Non, ce n'est pas un test, c'est un scrutin local. On parle de cantons là… Le vrai test pour Sarkozy et la droite, ce sera pour les régionales", juge le député Jérôme Chartier. "Il paraît que les municipales devaient sauver Copé…", tacle un autre filloniste du premier cercle, en référence aux bons résultats frontistes lors du scrutin de mars 2014.
Dénoncer le matraquage fiscal de la gauche. Sarkozy se donne, et l'UMP se prépare. Jérôme Chartier a ainsi épluché les lois de finance et les lois de financement de la Sécurité sociale depuis l’entrée en fonction de François Hollande. Le résultat : une note pratique à destination de tous les candidats. "Cela va peser sur le terrain. Cela permettra de délivrer le message : 'si vous votez PS, vous votez pour poursuivre ce qui a été fait il y a trois ans. Et regardez les hausses d'impôts…", assure-t-il à Europe 1.
Taper sur François Hollande est la nouvelle marotte de Nicolas Sarkozy, ça tombe bien. "On a une grande différence Hollande et moi : lui il veut moins de riches, moi je veux moins de pauvres", a par exemple lancé l'ancien président jeudi soir, à Marseille. Succès garanti dans la salle. Le chef de l'opposition joue son rôle à plein, alternant la dénonciation du matraquage fiscal de la gauche avec les attaques contre Marine Le Pen.
"Il nous rejoue Un jour sans fin'. Suffisant pour redorer son image ? Pas à en croire le dernier sondage CSA paru dans Les Echos, vendredi : une majorité des sondés n'adhère pas à ses propositions économiques, dévoilées en début de semaine dans Le Figaro. "Je suis consterné par le fait qu'il nous propose la même soupe qu'en 2007 et 2012. Depuis qu'il a été élu à la présidence de l'UMP, il nous rejoue Un jour sans fin", juge Thomas Guénolé, politologue spécialiste de la droite, contacté par Europe 1.
"Si le FN arrive en tête, ce sera un camouflet pour Sarkozy". Si nombre de questions restent donc en suspens, Nicolas Sarkozy n'en a que faire et avance, insensible aux critiques de son propre camp. Ce scrutin, il l'attend avec impatience. Presque autant que les observateurs. "Ce que l'on va regarder de près, c'est le score national du bloc de droite et l'ordre d'arrivée. Si jamais le Front national arrive en tête, ce sera un camouflet pour Sarkozy. C'est en effet lui qui avait demandé à ses troupes de clamer un peu partout, au moment de son retour dans l'arène, qu'il était le seul à pouvoir endiguer la montée en puissance du FN", rappelle Thomas Guénolé.
Avant de conclure sur une note d'espoir pour le patron de l'UMP : "même s'il apparait comme un perdant, ce que l'on retiendra en premier, c'est la déculottée de la gauche. Et en second, ce sera la poussée du FN." "Il est bien en ce moment", s'amuse un proche de Nicolas Sarkozy.
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