Les dessous de la démission de Thévenoud

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David Doukhan et
INFO E1 - Contrairement à ce qu’il dit, le désormais ex-secrétaire d'Etat au Commerce extérieur n’est pas encore totalement en règle avec le fisc.

 L’INFO. L'affaire Thévenoud, c'est le énième épisode d'une rentrée catastrophique pour François Hollande, qui doit faire face depuis 48 heures au grand déballage sur sa vie privée avec le livre de Valérie Trierweiler. Après Jérôme Cahuzac, ministre du Budget avec un compte en Suisse, voici maintenant le secrétaire d'Etat au commerce extérieur qui ne déclare pas ses revenus. Thomas Thévenoud ne sera resté que neuf jours dans le nouveau gouvernement de Manuel Valls. Et il pourrait aussi renoncer à ses fonctions de député de Saône-et-Loire. Les raisons de sa démission, jeudi soir, laissent pour le moins perplexe.

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Des arriérés en attente de paiement. Thomas Thévenoud a admis des retards de déclarations et de paiement, tout en précisant ensuite avoir intégralement régularisé sa situation. Mais selon les informations d’Europe 1, il reste encore des arriérés. Cela fait plusieurs années que le socialiste ne déclarait pas ses revenus. Le fisc l’a alors qualifié de « contribuable défaillant » et a lancé une procédure d’imposition d’office à travers laquelle Thomas Thévenoud payait donc des impôts ainsi que des pénalités de retard, via un prélèvement à la source.

Valls et Hollande ont vite tranché. Après le remaniement, le secrétariat général du gouvernement a demandé à l’administration fiscale de lui faire un point, comme le veut la procédure, sur la situation des ministres. Jeudi, Matignon a été mis au courant de ce sévère contentieux fiscal. Très vite, lors d’une conversation téléphonique, la décision est prise, entre Manuel Valls et François Hollande. Très vite car l’exemplarité est nécessaire au moment où tout le monde reçoit son avis d’imposition.

"Comment est-ce possible ?" La réaction des ministres interrogés est unanime : "comment est-ce possible ? Comment est-ce possible de ne pas déclarer ses impôts et d’accepter de devenir ministre ?" Bernard Poignant, ami de François Hollande et conseiller du président de la République, invité vendredi matin d'Europe 1, a fait preuve du même scepticisme : "il y a une chose que je ne comprends pas : comment une personne à qui on propose un poste ministériel, qui se sait en délicatesse avec le Fisc, comment peut-on accepter ? Je ne sais pas répondre à cette question." Un proche du président tente de répondre, dans un soupir : "l’esprit humain est capable d’épouvantables contradictions. Nous en sommes une nouvelle fois victime".

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