Contexte. Rien ne va plus entre les Verts et le gouvernement. Le budget 2014 a été l’objet de nouvelles tensions entre les socialistes et son allié écolo, qui grogne quand un ministre laisse entendre que l'avantage fiscal sur le diesel sera maintenu. Ce week-end, Europe Ecologie - les Verts réunit son conseil fédéral, et, selon Caroline Roux, éditorialiste politique d’Europe 1, les discussions s’annoncent d’ores et déjà tendues, entre ceux qui plaident pour une sortie du gouvernement et ceux qui préfèrent avaler une couleuvre de plus pour y rester.
"Durand va cogner". Pascal Durand est à l’unisson de ces futures discussions : tendu. Le discret patron des écolos en a assez, et il veut que ça se sache. Donc quand Jean-Marc Ayrault a cherché à le joindre par téléphone pour le rassurer sur les intentions du gouvernement en matière d’écologie, il n’a pas décroché. Il refuse également toutes les demandes d’interviews. Sa contre-attaque est prévue pour samedi, dans un discours très offensif. Les 150 premiers millions de la Banque publique d’investissement versés pour le nucléaire lui sont restés en travers de la gorge. Montebourg ("le Chevènement en marinière", comme il l’appelle) qui vend du rêve avec son avion électrique et se laisse endormir par les constructeur automobile, il n’a pas digéré non plus. "Il va cogner", promet un parlementaire écolo.
Le gouvernement va faire un effort.Inutile de se fâcher avec son allié à six mois des élections municipales. Pendant que Pascal Durand boudait, un parlementaire écolo influent négociait donc, jeudi après-midi, directement avec… Jean-Marc Ayrault. Ce dernier serait enclin à faire un geste sur l’enveloppe du budget de l’écologie. Quelques amendements écologistes auront également droit à la bienveillance du gouvernement. Pas suffisant ? Alors François Hollande prononcera un discours d’écolo convaincu la semaine prochaine, lors de la conférence environnementale. Des gestes qui ne suffiront pas, la rupture étant plus profonde qu’il n’y parait.
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La rupture est profonde. François Hollande a eu beau ériger la transition écologique comme une priorité, les Verts ne sont plus dupes. Cet épisode sur la taxation du diesel leur a définitivement ouvert les yeux : non, ce gouvernement n’assumera pas un changement de modèle vers une croissance verte. La question du maintien des deux ministres écologistes au sein du gouvernement Ayrault se pose donc avec acuité. Mais ils y ont, pour le moment, un intérêt. Ils resteront en place le temps qu’il faudra à Cécile Duflot pour faire passer sa loi sur le logement et le temps qu’il faudra à Pascal Canfin pour décrocher un poste de député européen. "La rupture idéologique a eu lieu. Le reste suivra inévitablement", conclut Caroline Roux.