Mars 1998 : un tiers seulement des électeurs UDF- RPR se disent favorables à un accord avec le FN. Avril 2012 : deux tiers des électeurs de Sarkozy souhaitent une alliance avec le parti frontiste. En 15 ans à peine, le rapport des électeurs de la droite républicaine au Front national a changé. Il s’est inversé.
Entre temps, la possibilité d’une alliance entre les deux partis a cessé d’être "un sujet tabou", révèle mercredi un sondage OpinionWay-Fiducial pour Les Echos. Selon cette étude, une large majorité des électeurs de Nicolas Sarkozy - 64% pour être précis - se disent favorables à un accord avec le Front national avant les élections législatives de juin prochain.
Ce résultat peut s’expliquer "par la volonté des électeurs du président-candidat de le voir remporter la présidentielle", explique Bruno Jeanbart, le directeur Opinion de l'institut aux Echos.
"Il s’agit d’une rupture de tendance"
Mais, même dans ce cas, on est dans un renversement de situation, renchérit Frédéric Dabi, le directeur de l’Ifop. Ainsi, "quand nous avions sondé - en 1998 ou en 2010 - les sympathisants de l’UMP et du RPR, nous avions obtenu des résultats très différents", explique-t-il à Europe1.fr. "Et ce, même en 1998 !", insiste encore le sondeur.
Revenons sur ces élections régionales de 1998. Au soir du scrutin, la gauche arrive en tête dans douze régions sur vingt-deux en métropole. La droite, elle, n’est assurée que d’emporter les régions Limousin et Pays de Loire. Pour les autres, elle n’a qu’une majorité relative, voire elle est à égalité avec la gauche. Mais, le jour de l’élection des présidents du conseil régional, dans cinq régions, elle se fait élire avec les voix du FN. Cette alliance fait alors d'autant plus scandale qu'elle prive des listes de gauche arrivées en tête de leur victoire.
En 1998, le rejet d'une alliance
A l’époque, même si la fin justifiait les moyens, les sympathisants de l’UDF et du RPR "avaient signifié très clairement qu’ils s’opposaient à cette alliance", explique Frédéric Dabi, avant d’ajouter : "Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Il y a donc rupture de tendance".
Cette "rupture" peut, selon lui s’expliquer, par "une radicalisation" du discours de la majorité et d’une partie de ses membres, comme ceux de la Droite populaire.
Pour le reste cette situation est difficile à aborder pour l’UMP, un accord ou une absence de fermeté face au Front national pouvant fissurer le parti entre les élus qui l’approuvent et ceux qui la rejettent fondamentalement. L’ex-ministre Chantal Jouanno, par exemple, s’est récemment fait recadrer pour avoir affirmé qu’elles ne voterait pas Front national en cas de duel PS/FN aux législatives de juin prochain.