La campagne présidentielle de 2007 avait été l’occasion de découvrir une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques à droite. Rachida Dati, Rama Yade ou encore Laurent Wauquiez avaient déboulé sur la scène médiatique et s’étaient démarqués tant par leur soutien zélé au futur président de la République que par leur pugnacité face aux adversaires de gauche. En 2012, Nicolas Sarkozy, qui s’exprime dimanche soir à la télévision pour une intervention très attendue, pourrait à nouveau être tenté de pousser sur le devant de la scène des personnalités encore inconnues du grand public. Europe1.fr parie sur quatre futures stars de la campagne.
Guillaume Peltier. Depuis plusieurs mois, cet enseignant de formation met sa science du sondage et des études d’opinion au service de l’UMP. Mais c’est le seulement 11 janvier dernier que Guillaume Peltier, 35 ans, a officiellement été nommé secrétaire national du parti majoritaire, chargé des sondages. Très à l’aise sur les plateaux télé, ce Parisien de naissance promène un petit sourire en permanence, qui donne à son visage encore juvénile un indéniable côté avenant. Mais l’homme est un vieux briscard des débats, art dans lequel il excelle. Une expérience un sens de la formule acquis quand il militait au Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers.
Car Guillaume Peltier a un passé politique clairement situé à la droite de la droite. Avant le MPF, il a même frayé avec le Front national via son mouvement jeunesse, le FNJ. En 1998, il a rejoint le "félon" Bruno Mégret au MNR, après la scission du Front national. Puis c’est en 2001 qu’il adhère finalement au MPF, dont il sera nommé numéro deux en 2003. En 2008, alors que le MPF périclite, Guillaume Peltier quitte le mouvement pour, moins d’un an plus tard, adhérer à l’UMP. D’abord réticent, les caciques du parti présidentiel son finalement séduits, à tel point qu’il finit par leur souffler des bons mots. Il est même nommé au sein de la très active cellule riposte, chargée de préparer des réponses aux argumentaires de la gauche. Une réserve toutefois : il n’a jamais rencontré Nicolas Sarkozy.
Salima Saa. Elle est encore inconnue du grand public, mais ça ne devrait pas durer. Salima Saa est la femme qui monte à l’UMP. Cette fille de harkis, présidente du conseil d'administration de l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (Acsé), a été nommée le 11 janvier secrétaire nationale de l’UMP chargée des espaces urbains. Une attribution suffisamment vaste pour lui permettre d’aborder un grand nombre de sujets. Et donc de prendre souvent la parole. Elle a également été investie dans la 8e circonscription du Nord pour les législatives de 2012.
Cette biologiste de formation a de la volonté à revendre. D’abord, elle écrit à Maurice Leroy, ministre de la ville, pour être nommé à la tête de l’Acsé. Une fois sa requête acceptée, elle profite de son statut pour réclamer une rencontre avec Nicolas Sarkozy. Ce sera fait le 14 octobre 2011. Séduit par sa détermination et par son activisme, notamment en banlieue, le chef de l’Etat décide de son ascension au sein de l’UMP. Fatalement comparée à Rachida Dati, Salima Saa s’agace à l’évocation de l’ex-Garde des Sceaux. "C'est devenu systématique", pestait-elle dans un entretien au JDD.fr, avant de relativiser : "A l'Acsé, je lutte tous les jours contre les a priori." Seule son inexpérience, en politique et dans les médias, semble être un frein à sa montée en puissance.
Charles Beigbeder. Une histoire de frères… La première fois que Charles Beigbeder a fait parler de lui dans les médias, c’est en 2005, quand il briguait la présidence du Medef. Le frère de l’écrivain Frédéric Beigbeder affrontait alors un certain Guillaume Sarkozy, frère de l’actuel président de la République. Ni l’un ni l’autre ne l’ont finalement emporté, mais cela n’a pas entamé la volonté de Charles Beigbeder d’exister dans la vie publique. Chef d’entreprise hyperactif, créateur de cinq sociétés, dont Poweo, ce natif de Neuilly, âgé de 47 ans, a d’abord milité au Parti radical, auprès de Jean-Louis Borloo.
Mais en janvier 2011, tout change quand Chantal Jouanno, la ministre des Sports lui propose de reprendre la tête de la candidature d’Annecy à l’organisation de jeux Olympiques en 2018. La mission est impossible, mais l’occasion est trop belle pour se faire un prénom auprès du grand public, et c’était peut-être l’objectif. Qu’importe si la candidature française échoue dans les grandes largeurs : Charles Beigbeder n’est désormais plus un inconnu du grand public. Reste désormais à acquérir une certaine légitimité. Son livre Puisque c’est impossible, faisons-le*, sorti à la fin 2011, doit remplir ce rôle.
Reste tout de même un écueil. Pour participer sereinement à la campagne, Charles Beigbéder devra d’abord se dépêtrer d’une encombrante polémique sur son parachutage dans la 8e circonscription de Paris, dénoncé par les élus UMP locaux.
Valérie Rosso-Debord. C’est a priori la plus connue du quatuor. Car depuis plusieurs semaines, Valérie Rosso-Debord est très présente dans les médias. La députée de Meurthe-et-Moselle flingue tous azimuts la gauche et défend corps et âme Nicolas Sarkozy. Cette femme blonde aux yeux bleu perçants, pas encore 40 ans, est clairement déjà en campagne. Etoile montante de l’UMP, elle a confié sans détour à Rue89 dès mai 2011 qu’elle se verrait d’ailleurs bien porte-parole du président sortant, elle qui a été promue déléguée générale adjointe du parti présidentiel "en charge du projet" pour 2012.
L’entrée en politique de "VRD" a eu lieu au centre. Très jeune, au début des années 1990, elle est nommée à la tête des jeunes UDF de Meurthe-et-Moselle. Ambitieuse assumée, elle trouve en Claude Gaillard, député du département depuis 1988, un mentor. L’actuel conseiller de François Fillon lui cèdera d’ailleurs son siège à l’Assemblée en 2007. C’est là une autre force de Valérie Rosso-Debord. Elle est proche à la fois de François Fillon, de Nicolas Sarkozy et de Jean-François Copé. Un vrai tour de force. En revanche, le courant semble passer plus mal avec les femmes de la majorité. Et particulièrement avec Nadine Morano, pourtant lorraine elle aussi, mais qui l’ignore ostensiblement.
* Puisque c’est impossible, faisons-le : 10 idées simples pour réforme une France (pas si) compliquée, aux éditions JCLattès