A l'heure où la bataille des chefs s'engage à l'UMP entre François Fillon, Jean-François Copé et, en creux, Alain Juppé, les quadras du parti de Bruno Le Maire à Valérie Pécresse en passant par NKM, eux, hésitent sur la stratégie à adopter. D’ici le congrès de l'UMP des 18 et 25 novembre, où les 260.000 militants éliront leur président, doivent-ils prendre partie pour un des trois barons ou faire cavalier seul ? C'est le dilemme de ces jeunes loups soucieux de faire entendre leur voix d'ici l'automne.
• Faire cavalier seul
"Ne sous-estimez pas ma détermination à défendre mes idées et mes convictions". A 43 ans, l’ancien ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire ne cache pas son intention de se présenter à la tête de l’UMP si ses propositions sur l'emploi", "l'autorité", "l'exemplarité politique" et "l'Europe" ne sont pas reprises par l'un des candidats déclarés. Des paroles en l’air ? Pas franchement. Beaucoup à l’UMP pensent que ce proche de Jean-François Copé fera effectivement un "tour de piste" pour la présidence du parti.
Jouer sa propre carte pourrait également être la stratégie d’autres quadras du parti, comme Nathalie Kosciusko-Morizet. A 39 ans, cette "miraculée" des législatives - elle a été élue de justesse dans l'Essonne -, séduite par l'idée d'une présidence collective évoquée par Juppé, se voit un jour en première femme présidente de la République, et a plusieurs fois assuré qu’elle se lancerait, elle-aussi, dans la mêlée si sa "ligne" n'était pas reprise. A 47 ans, Xavier Bertrand, allié avec Fillon pour déloger Copé, n'exclut pas, non plus, de se "défilloniser" et de se mettre rapidement "à son compte".
• Copier-coller de la stratégie de Valls et Montebourg
Ces trois là, face à Jean-François Copé, François Fillon et Alain Juppé, ont concrètement peu de chances de l’emporter. Mais ils visent en réalité autre chose. Leur stratégie est proche de celle des socialistes Manuel Valls et Arnaud Montebourg, candidats, en octobre dernier, à la primaire PS. A l'époque, ces deux-là savaient qu'ils ne remporteraient pas la mise, mais ont utilisé le processus de la primaire comme d'un tremplin pour la primaire. "Il est impossible que ce modèle de la primaire PS - succès populaire et médiatique - n’inspire pas, aujourd’hui, les quadras de l’UMP", explique à Europe1.fr Arnaud Mercier, spécialiste de communication politique.
"Pour Valls ou Montebourg, ce processus a été un incroyable accélérateur de notoriété. Se déclarer aujourd’hui candidat et se lancer dans la bataille pour la présidence de l’UMP peut de la même manière permettre aux jeunes loups du parti de gravir plus vite les échelons, de se dessiner une carrure de futur Premier-ministrable pour 2017", insiste le politologue, rappelant que l’UMP, comme les autres partis est prise par des impératifs de renouvellement des générations.
• Prendre une place de choix dans l’écurie d’un ténor
Mais la stratégie du cavalier seul de Bruno Le Maire et consorts comporte des risques : "celui de se scratcher en plein vol, faute de soutiens", précise Arnaud Mercier. "C’est un coup de poker", ajoute-t-il. "Si l’équation s’avère trop compliquée, mieux vaut alors pour les quadras de la droite se rallier à un ténor et prendre une place dans son équipe".
Cette option de prudence a déjà séduit Valérie Pécresse, 45 ans le 14 juillet, ex-amie de Copé, qui s'est très tôt ralliée à François Fillon tout comme Laurent Wauquiez, 37 ans. Le benjamin de la bande, qui rêve déjà de la présidentielle, a été tenté d'y aller en chef de file de la "Droite sociale", mais a renoncé et s'est rangé, lui-aussi, derrière l'ancien Premier ministre.
• Faire une offre de service
D’autres quadras du parti, eux, ont opté pour une ultime alternative : celle de faire monter les enchères. "Disponibles" pour l’un ou l’autre camp, ils attendent patiemment que les candidats déclarés leur fassent une offre. Ainsi Chantal Jouanno, sénatrice UMP de Paris, a, nonchalamment laissé entendre, dimanche, que son "coeur" balançait entre François Fillon et Alain Juppé pour la présidence de l'UMP. François Baroin aussi. A 47 ans, cet ami de Copé, n’est pas un ennemi de Fillon. "A priori" pas candidat, il attend avant de prendre position, avec 2017 dans son collimateur.
Enfin, Rachida Dati, 46 ans, pro-Copé et anti-Fillon, elle non plus, n'exclut rien et joue la carte des femmes au sein de son parti. Fin juin, aux journalistes qui lui demandaient si elle souhaitait réellement se présenter à la tête de l'UMP, elle répondait : "Pourquoi pas ? Collectivement". Et si le message n'était pas assez clair, l'eurodéputée s'est offert une tribune dans Le Monde, mercredi, pour mettre fin à l'hégémonie "des barons" et "vieux notables" de l'UMP.