En l’espace de deux scrutins, "l’UMP est devenue l’Union de la Majorité Perdante", raillent en coulisses les membres du mouvement. Un mois après la présidentielle et au lendemain des législatives, le constat est amer : l’UMP vient de perdre une centaine de sièges à l’Assemblée. Rejetée dans l'opposition pour la première fois depuis sa création en 2002, le parti prépare son "aggiornamento". Une réflexion sur ses valeurs dont découlera une refonte de son organisation.
La fin du parti unique ?
"Depuis 2007, le parti vivait sous cloche, celle de Sarkozy et de la victoire", explique à Europe1.fr le politologue Laurent Dubois. Ces deux ressorts absents, la machine UMP est désormais cassée et doit, pour sauver sa peau, "renouer avec la stratégie gagnante : trouver un programme, une tête et une tactique". Pire encore, ajoute-t-il, "c’est peut-être la fin de la stratégie du parti unique".
Le "parti unique", c'est pourtant l’ADN de l’UMP. En créant le parti en 2002, Alain Juppé et Jacques Chirac voulaient mettre fin à ‘la droite la plus bête du monde’, celle qui se divise, en formant un grand parti de droite, comme en Allemagne, qui rassemblait toutes les chapelles, des centristes à la droite de la droite.
Mais aujourd’hui, "cette stratégie ne permet plus à l’UMP de gagner", explique Laurent Dubois. "Grâce à ce grand rassemblement, l’UMP est assurée de passer le premier tour, mais manque de réserves de voix au second". Alors que le PS peut compter sur les reports des voix des écologistes et du Front de gauche, la droite, elle, est à sec.
La guerre programmatique
Et aller chercher les voix du FN ne remédiera en rien à ce problème, a estimé lundi sur BFM Jean-Pierre Raffarin. "Ceux qui n'ont pas fait d'alliance dans cette campagne avec le FN mais qui avaient des complicités thématiques ont payé les frais de leurs erreurs", a assuré le Premier ministre alors que la Droite populaire, courant de la droite de la droite, a essuyé un échec retentissant lors du scrutin. La moitié de ses membres n'ont pas été réélus, comme Christian Vanneste, Eric Raoult ou Jean-Paul Garraud, qui souhaitait le dialogue avec le FN.
"Dans le passé, l’UMP a été un peu hémiplégique, sa partie droitière étant plus renforcée que sa partie centrale", a encore insisté l’ancien Premier ministre. Partant de là, il faudra donc s’atteler à une "indispensable réflexion de fond", selon les mots d’Alain Juppé ou à "un vrai travail de réflexion programmatique", selon les termes de Jean-François Copé.
Le patron de l’UMP ne partage toutefois pas le point de vue de Jean-Pierre Raffarin. Pour lui, l'échec des législatives n’a rien à voir avec la stratégie de droitisation. "Ce n'est pas mon point de vue, je ne suis pas sûr" d'ailleurs que cette thèse "soit tout à fait majoritaire", a ainsi mis en garde Jean-François Copé sur France Info.
La bataille des égos
Cette guerre entre "droite républicaine autoritaire et droite humaniste" se double d'une bataille de chef. Qui pour incarner le renouveau de l'UMP ? Sur la ligne de départ , Jean-François Copé donc, le titulaire du fauteuil, François Fillon, survivant de l’enfer de Matignon et puis Alain Juppé, le juge du paix ont déjà pris place . >> A lire notre article sur la guerre des chefs.
A cette liste, d’autres pourraient encore se rajouter. Lundi matin, François Baroin a ainsi annoncé la possibilité de présenter sa candidature à la présidence de l'UMP en novembre, indiquant que ce serait "certainement" le cas si ses idées n'étaient "pas reprises". Bruno Le Maire pourrait lui aussi être sur les rangs.
Les prétendants ont déjà pris date : l’UMP se dotera d’un nouveau chef et d’une nouvelle équipe dirigeante lors d’un Congrès en novembre prochain.
En attendant, le premier acte de cette guerre de positions se jouera mercredi matin lors de l'élection du président du groupe UMP, poste influent au-delà du cadre parlementaire. Le président sortant Christian Jacob, un proche de Jean-François Copé, est donné favori, mais l'ancien ministre du Travail Xavier Bertrand, qui s'est rallié à François Fillon, pourrait lui disputer