Les mots d’ordre du second tour

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MUNICIPALES -

Droite et gauche comptent mobiliser leurs abstentionnistes, alors que le FN veut continuer à troubler le jeu.

Le premier tour des élections municipales à peine achevé, les esprits sont déjà tournés vers dimanche prochain. Pour la gauche en général et le Parti socialiste en particulier, il s’agira surtout de limiter les dégâts après des premiers résultats catastrophiques. L’UMP, de son côté, espère encore l’arrivée d’une vague bleue, mais il lui faudra composer avec l’épineuse question des alliances avec le Front national. Un FN déjà assuré de remplir ses objectifs, et qui va désormais s’attacher à rester au centre du jeu et à déstabiliser un peu plus la droite républicaine.

 

>>> La chasse aux abstentionnistes

A gauche : "Mobilisation !" Pour espérer ne pas connaître un deuxième dimanche de débâche consécutif, la gauche n’a guère le choix. Elle doit puiser dans la réserve de voix que constituent les abstentionnistes. Car le PS et ses alliés semblent bien être les principales victimes de l’abstention record (38,7%) enregistrée dimanche. Le mot d’ordre est donc des plus simples : Mobilisation ! "Le second tour doit être un second tour de ressaisissement", a ainsi lancé Pierre Moscovici, ministre de l’Economie, sur Europe 1. Harlem Désir a de son côté assuré lors d’une conférence de presse que "rien n'(était) joué", appelant "à la mobilisation la plus forte", au "rassemblement" de la gauche du deuxième tour. David Assouline, porte-parole du PS, a lui confirmé que l'enjeu était notamment de "mobiliser les abstentionnistes de gauche". Au plan local d’ailleurs, comme à Tourcoing, Strasbourg ou Saint-Etienne, les candidats de gauche ont déjà lancé leur appel. Le porte-à-porte devrait jouer à plein entre les deux tours.

La droite espère encore une vague bleue. Les performances de la droite ont été occultées par celles du Front national, mais l’UMP et ses alliés sont les incontestables autres vainqueurs du scrutin. Au plan national, les listes de droite républicaine ont ainsi obtenu 48% des voix (contre un peu plus de 25% en 2008). De quoi, pour les ténors de l’UMP, entrevoir l’écume d’une vague bleue espérée. Pour son président Jean-François Copé, "les conditions d'une grande victoire" de la droite sont ainsi réunies. Mais plus qu’aux abstentionnistes, c’est aux électeurs du Front national que le président de l’UMP a lancé un appel :

Même le FN… Une fois n’est pas coutume, l’abstention pourrait avoir profité à plein au Front national. Au point que le parti frontiste semble avoir fait le plein de ses voix dès le premier tour. Pourtant, certains pensent pouvoir convaincre de nouveaux électeurs. C’est le cas par exemple de Louis Aliot à Perpignan. Le vice-président du FN est arrivé en tête, avec 33,8% des voix, mais il sait que la victoire s’annonce compliquée. Alors lui aussi vise ceux qui ne se sont pas déplacés dimanche, en généralisant à ses collègues candidats frontistes. "Je pense que très clairement, c'est dans les abstentionnistes" que le FN a des réserves de voix, a déclaré Louis Aliot sur France Info.

>>> L’épineuse question du Front républicain

La gauche brandit l’épouvantail FN. A gauche, outre la chasse aux abstentionnistes, le deuxième angle d’attaque consiste à mettre le FN au centre du jeu et l’UMP face à ses responsabilités. L’objectif est de susciter l’embarras au sein du parti de la droite vis-à-vis de son attitude face à l’extrême droite, en s’appliquant strictement le principe du "front républicain". "La position du PS est très claire: nous ferons tout pour empêcher qu'un candidat FN emporte une municipalité", a affirmé Najat Vallaud-Belkacem, bientôt relayée par Harle Désir, dès dimanche soir sur France 2. Avant de réclamer de connaître "les intentions des camps d'en face". Même tonalité pour Jean-Marc Ayrault, qui a estimé" que les "forces démocratiques et républicaines" devaient "empêcher" une victoire FN. Le message envoyé à la droite républicaine est on ne peut plus limpide.

Jean-Marc Ayrault appelle à faire barrage au...par lemondefr

Pour l’UMP, ce sera le "ni-ni". Et tout aussi limpide a été la réponse apportée par l’UMP. Le front républicain, c’est non. Le parti dirigé par Jean-François Copé lui préfère, comme depuis plusieurs années, la stratégie du "ni-ni". "Nous n'appellerons jamais à voter pour le Front national mais pas non plus pour un Parti socialiste qui est allié au Front de gauche", a affirmé le président de l’UMP sur France 2. Et du côté de son meilleur ennemi, François Fillon ? Même chose. "Aucun désistement et aucune alliance ne peuvent être envisagés" vis-à-vis ou avec le FN, a prévenu l’ancien Premier ministre dimanche soir. Une ligne claire et ferme, mais qui, localement, pourrait connaître des ratés.

Des exceptions qui pourraient mettre le feu. Marine Le Pen a été très claire au moment de commenter les résultats. "La règle générale est le maintien des candidats. Pour le reste, il y aura peut-être quelques exceptions, mais nous ne sommes pas capables de le dire aujourd'hui", affirme la président du FN dans Le Figaro. Ces exceptions, si elles existent, cristalliseront à la fois l’attention et les critiques des états-majors parisiens. L’UMP a déjà prévenu qu’elle exclurait tout candidat  tenté par une alliance avec le FN, mais certains passeront outre et  privilégieront sans doute l’enjeu local. Par ailleurs, l’UMP devra faire face à d’autres critiques si, en se maintenant sans aucune chance de l’emporter, elle favorise la victoire d’un candidat FN. A ce titre, la situation de Forbach, où Florian Philippot, numéro 2 du FN, est arrivé en tête et le candidat UMP n’a recueilli que 12,26% des voix, sera particulièrement scrutée.

 

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