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Et si la France connaissait, à l’occasion des municipales de mars 2014, une mini-vague bleu marine ? Le contexte politico-économique le laisse penser, une étude de l’Ifop portant sur les résultats du second tour des élections législatives le confirme : rarement le Front national, via son prolongement édulcoré, le Rassemblement bleu marine (RBM), n’a eu une telle chance de s’ancrer durablement au plan local.
Au moins 75 communes concernées. L’institut de sondage a listé 75 communes de plus de 3.500 habitants dans lesquelles le parti de Marine Le Pen a dépassé les 40% au second tour en 2012. Le résultat donne un aperçu - car les modes de scrutin sont différents - assez spectaculaire de ce qui pourrait résulter du scrutin municipal en mars 2014. "Et encore, la liste est en fait plus large que cela, car notre étude ne porte que sur les circonscriptions où le parti était présent au second tour en 2012", prévient Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et Stratégies d'entreprise à l’Ifop, joint par Europe 1.fr. Le premier tour des municipales de mars 2014 pourrait donc donner des résultats plus spectaculaires encore.
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Un contexte idéal pour l’extrême droite. Si le Front national aborde les municipales de 2014 gonflé à bloc, c’est que le contexte lui est on ne peut plus favorable. "Marine Le Pen à un niveau très élevé dans les sondages, la crise économique, les questions de sécurité qui reviennent au premier plan, un PS impopulaire à cause de son exercice du pouvoir, une UMP encore convalescente…", énumère Jérôme Fourquet. "Tous ces ingrédients sont propices au Front national."
Fort au Nord... Sans surprise, les territoires où le FN est fort sont facilement identifiables. Le département du Pas-de-Calais concentre ainsi à lui seul une dizaine de municipalités gagnables pour le FN. Au premier rang desquelles Hénin-Beaumont, le fief de Marine Le Pen, qui avait reçu dans la ville 55,1% des voix. Même si la présidente du FN ne se présentera probablement pas, l’ancrage local d’un Steeve Briois, opposé à un Parti socialiste local déchiré et une droite exsangue, permet au FN de rêver à une victoire dans cette ville de près de 20.000 habitants. Parmi les autres communes gagnables par le Front national dans le Pas-de-Calais, citons Courrières, Méricourt ou encore Rouvroy.
… Et fort au Sud. A l’autre bout de la France aussi, le Front national a de grandes ambitions. Dans le Gard, le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône et le Var, le parti frontiste peut espérer emporter une ou plusieurs communes. Cavaillon (17.000 habitants, 49,3% pour le FN en juin 2012) et Miramas (16.000, 48,5%) sont particulièrement dans le viseur.
Des handicaps… Le Front national cumule tout de même quelques handicaps qui pourraient lui coûter nombre de victoires. "Le FN n’est pas intégré dans un jeu d’alliance, au premier comme au second tour. Même s’il a tendu la main à certains, aujourd’hui il est seul. Or, c’est très compliqué de gagner sur son nom propre", explique ainsi Jérôme Fourquet. "En outre, les électeurs répondent à la question qui leur est posée. Pour une élection municipale, on donne les clés de la ville à une équipe qui va gérer le quotidien, les écoles, les ordures, les logements, les impôts locaux… On est donc loin des thèmes du Front national. Il peut donc y avoir des pertes en ligne", explique l’analyste.
… Mais la victoire pas essentielle. Mais si d’aventure le FN ne remportait aucune commune, ce qui semble peu probable, il pourrait tout de même être l’un des vainqueurs du scrutin. "Même s’il ne rafle aucune ville, il y aura des scores à 35 %, ils auront fait émerger des gens, auront plombé certains espoirs de reconquête de la droite", confirme Jérôme Fourquet. "Ne pas gagner mais faire un bon score, c’est créer un réseau de cadres locaux et casser la tête ou les reins de la droite à certains endroits, ce qui au FN fait toujours plaisir."
L’un des objectifs du Front national sera d’ailleurs d’affaiblir la droite parlementaire. D’une part en se maintenant en cas de triangulaires afin de faire battre son candidat. D’autre part en créant des alliances locales à même de faire jaser dans les états-majors parisiens. "Il y aura forcément des gens du Rassemblement bleu marine dans des listes de maires de droite sortant, surtout dans le Sud", abonde Jérôme Fourquet. "Et ça aussi, c’est une victoire. Petit à petit, la digue se brise."
La fin de l’inexpérience. Et un zéro pointé ne signifierait pas, loin s’en faut, la fin des ambitions municipales du parti d’extrême droite. "Marine Le Pen est relativement jeune, elle privilégie la démarche de long terme et l’enracinement, pour mailler le territoire avec des élus frontistes. Ces élections municipales de 2014, c’est la première marche. Le FN va mettre sur orbite des gens qui seront biens représentés au niveau du conseil municipal, qui vont labourer le terrain pendant six ans, rencontrer les électeurs", explique Jérôme Fourquet "Et dans six ans, en termes de gestion municipales, ont gagné leur galon." En clair, les adversaires du FN ne pourront plus leur opposer leur inexpérience. De bon augure pour le Fn à la perspective des muncipales 2018. Pour, cette fois, une vraie vague bleu-blanc-rouge ?