Premier rétropédalage pour le ministre de l'Intérieur. Claude Guéant a dit mercredi "regretter" ses propos tenus sur les Comoriens à Marseille. Dimanche, le ministre avait affirmé : "je peux vous dire qu'il y a à Marseille une immigration comorienne important qui est la cause de beaucoup de violences". Une déclaration qui avait suscité l'indignation jusque dans les rangs de la droite, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin estimant ainsi qu'on ne pouvait pas "incriminer une communauté en particulier".
Avec les "regrets" exprimés mercredi au sortir d'une audition à l'Assemblée nationale, c'est la première fois que Claude Guéant rectifie le tir. Le ministre de l'Intérieur est pourtant un habitué des déclarations fracassantes. En quelques mois à ce poste, il a multiplié les petites phrases, en général sur le thème de l'immigration, suscitant l'indignation. Europe 1 revient sur quelques unes de ses déclarations.
LES FRANÇAIS "PLUS CHEZ EUX"
La déclaration. Le 17 mars, Claude Guéant affirme sur Europe 1 que les Français "à force d'immigration incontrôlée ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, ou bien ils ont le sentiment de voir des pratiques qui s'imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale". "Nos compatriotes veulent choisir leur mode de vie, ils ne veulent pas qu'on leur impose un mode de vie", insiste-t-il.
Les suites. La phrase provoque un tollé. L'association SOS Soutien ô sans papiers dépose une plainte pour "provocation à la haine, à la discrimination et à la violence" contre le ministre. Marine Le Pen, elle, fait parvenir à Claude Guéant une carte d'adhérent "prestige" au Front national. Claude Guéant campe sur ses positions : "je crois que c'est ce que les Français pensent", déclare-t-il sur Europe 1.
LA "CROISADE" DU PRÉSIDENT
La déclaration. Quelques jours plus tard, Claude Guéant remet les pieds dans le plat : "heureusement, le président a pris la tête de la croisade pour mobiliser le Conseil de sécurité des Nations unies, et puis la Ligue arabe et l'Union africaine", affirme-t-il sur le Talk Orange Le Figaro.
Les suites. Là encore, les réactions sont vives. "On me fait dire ce que je n'ai pas dit !", se défend alors le ministre. Qui admet cependant, "avec le recul", qu'il aurait pu choisir "un autre mot".
TROP DE MUSULMANS EN FRANCE ?
La déclaration. Le 4 avril, en marge d'un déplacement à Nantes, le ministre affirme qu'"en 1905, il y avait très peu de musulmans en France, aujourd'hui il y en a entre 5 et 6 millions. L'accroissement du nombre de fidèles et un certain nombre de comportements posent problème".
Les suites. L'association SOS Racisme dépose plainte contre le ministre devant la commission des requêtes de la Cour de justice de la République pour incitation à la haine raciale. En cause, la déclaration du 4 avril, mais aussi d'autres propos, comme ceux sur les Français qui "ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux" ou l'emploi du mot "croisade" à propos de l'action menée par le chef de l'Etat pour une intervention en Libye. Le 10 juin la CJR annonce sa décision : aucune enquête ne sera ouverte.
ECHEC SCOLAIRE ET IMMIGRATION
La déclaration. Le 22 mai, le ministre de l'Intérieur affirme sur Europe 1 que "les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés". Peu après, il persistait, affirmant à l'Assemblée : "c'est vrai qu'il y a deux tiers des enfants d'immigrés qui se trouvent sortir de l'appareil scolaire sans diplôme".
Les suites. Fait rare, l'Insee finit par contredire, un mois plus tard, les propos du ministre. "La proportion d'enfants d'immigrés parmi les élèves sortis dans qualification de l'enseignement secondaire peut être estimée à environ 16% pour les enfants de familles immigrées. Si on y ajoute les enfants de familles 'mixtes', cette proportion passe à environ 22%", clarifie l'organisme dans un communiqué.