Rendez-vous annulés, boycott du Conseil fédéral d'EELV de samedi, propos ambigus des ténors écologistes sur sa motivation : Eva Joly se tait, refuse de commenter la cacophonie entre son parti et le PS, prend officiellement "de la hauteur", du "recul". Depuis jeudi, les rumeurs sur un possible retrait de la campagne de la candidate écologique sont de plus en plus insistantes. Noël Mamère ne cache plus qu’elle "est troublée", qu’elle "s’interroge". Quelles sont les raisons de ce malaise ? Europe1.fr vous livre les premières explications.
Désaccord de stratégie
La première raison de sa colère est connue : Eva Joly estime que Europe Ecologie - Les Verts n’a pas été assez ferme face au PS, dans les négociations portant sur la présidentielle et les législatives. "Eva comprend bien la nécessité d'avoir un accord et une représentation parlementaire mais elle ne s'inscrit pas dans la logique d'être dans les négociations", expliquait jeudi son porte-parole Sergio Coronado. "Elle a toujours eu une position très ferme sur ces questions nucléaire et éthiques" et "on est en train de s’en éloigner très sérieusement" avec l'intervention d'Areva auprès du PS, a également commenté Noël Mamère, évoquant le couac sur la filière Mox et le retrait de la candidate.
Le problème, c’est "qu’Europe Ecologie n’a toujours pas choisi, entre être un parti de gouvernement avec des sièges au gouvernement et à l’Assemblée et un parti contestataire qui reste dur sur sa ligne…", a commenté le politologue Gérard Grunberg (Sciences Po - CNRS), à Europe1.fr, soulignant les désaccords de stratégie au sein du parti écologiste. Dans ce schéma, Eva Joly ferait partie de la ligne "dure" et verrait les compromis faits comme des compromissions.
Manque d’enthousiasme de son parti
Autre raison : son propre parti se rangerait de plus en plus derrière l’hypothèse qu’Eva Joly ne fera même pas 5 % à la présidentielle. "Là, on est en train de réfléchir à savoir si on part avec un budget d'un million ou de trois millions dans cette campagne. Tout dépend de si on arrive à faire plus ou moins de 5% (seuil au-delà duquel les campagnes sont remboursées)", confiait ainsi, à Europe1.fr, un membre d’EELV.
Un état général de motivation qui pourrait également expliquer la prise de champ d’Eva Joly, qui ne décolle pas dans les sondages : elle est créditée de 4% des intentions de vote au premier tour de la présidentielle selon une étude CSA publiée jeudi.
Par ailleurs, plusieurs écologistes estiment, dans le sillage de Daniel Cohn-Bendit, qu’EELV devrait - pour éviter un 21 avril bis - retirer tout bonnement sa candidature à la présidentielle, si, dans les sondages, le Front National culmine toujours à 16 - 19% des intentions de vote.
Des petites phrases qui ne passent pas
Enfin, Eva Joly qui avait déjà évoqué quelques tensions, au moment de la primaire avec Cécile Duflot n’apprécierait guère les prises de parole des écologistes pour commenter sa campagne. Yves Cochet, par exemple, a récemment expliqué que - si elle avait annulé tous ses rendez-vous médiatiques - c’était parce qu’elle avait "peur de répondre aux questions" des journalistes. C’est une "campagne… originale", a-t-il asséné.