Les sénatoriales, ultime test avant 2012

La gauche espère briller au Sénat avant 2012 © MAXPPP
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Hélène Favier , modifié à

Pour la 1ère fois, dans l'histoire de la Ve République, la gauche peut faire basculer le Sénat.

Lionel Jospin qualifiant le Sénat "d’anomalie démocratique" ou Noël Mamère le comparant à "une maison de retraite". Pendant longtemps, la gauche n’a pas vraiment été "fan" du Sénat, jugé structurellement imprenable pour elle. Mais, aujourd’hui, le discours a radicalement changé. Le PS admettant même "penser depuis un moment" à la Chambre haute. Et pour cause : dimanche, pour la première fois sous la Ve République, l’opposition a une chance de l’emporter au Sénat.

Une hypothèse "infime"

"L’hypothèse est infime. Mais l’opposition est, désormais, en situation de pouvoir remporter le Sénat", confirme le politologue Stéphane Rozès, fondateur de l’agence CAP, interrogé par Europe1.fr. "La gauche a progressé parmi les conseillers municipaux et généraux", poursuit-il, "or, ils constituent le gros des grands électeurs qui voteront, dimanche, pour le Sénat".

Il existe également une autre raison, sociologique cette fois, pour expliquer cette progression de l’opposition. "Les grands électeurs étaient auparavant majoritairement des agriculteurs. Aujourd’hui ce sont des fonctionnaires, qui votent plus à gauche", explique, en effet, Stéphane Rozès.

Tout se jouera lors de l’élection du président du Sénat

Pour conquérir la majorité, la gauche doit au moins remporter 23 sièges, sur 170. Hypothèse réaliste si on considère que, lors des précédentes sénatoriales, en 2008, elle en avait remporté 26 (dont 21 pour le PS). 

Mais, même dans ce cas, le rapport de forces ne sera définitivement établi qu'à l'élection du président, le 1er octobre, où les coups de théâtre sont toujours possibles. "C'est une élection de relation personnelle, où les logiques apparaissent illogiques. Les délégués sénatoriaux ne votent pas que selon leur étiquette politique, leur vote reflète un état d'esprit, une alchimie personnelle", explique un élu du sérail.          

En prenant en compte ces données, l’actuel président Gérard Larcher prévoit une courte victoire de la droite avec 7 à 12 sièges d'avance. Mais son enthousiasme n’est pas partagé par les stratèges électoraux de l'UMP qui commencent à craindre que son optimisme n'ait un effet démobilisateur.

Trois ministres dans la bataille

Le parti présidentiel s'inquiète aussi de la multiplication des listes dans plusieurs départements, comme en Ile-de-France, où Pierre Charon, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, a décidé de présenter sa liste à Paris contre l'officielle menée par Chantal Jouanno.

La ministre des Sports s'est portée candidate aux sénatoriales avec deux autres membres du gouvernement : Gérard Longuet (Défense) dans la Meuse et Maurice Leroy (Ville) dans le Loir-et-Cher.     

A quelles encablures de la présidentielle

Enfin si l'Elysée attend le verdict des urnes avec une appréhension toute particulière, la bataille pour le Sénat a, en effet, valeur de test avant la présidentielle - même si le mode d'élection est évidemment différent.

"Il est évident que si d’aventure la gauche passait au Sénat, le sentiment d’une fin de règne difficile pour Nicolas Sarkozy en serait renforcé dans l’opinion", estime Stéphane Rozès. Cet ultime échec, donc, viendrait alors  plomber sa campagne.