Et si le PS renvoyait l’ascenseur à François Bayrou ? Alors que le candidat du MoDem avait annoncé entre les deux tours son intention de voter pour François Hollande, sans donner de consigne de vote, le Parti socialiste envisage désormais de ne pas présenter de candidat face à lui lors des élections législatives. Contrairement à l’UMP, qui a annoncé lundi l’investiture d’un candidat dans cette deuxième circonscription des Pyrénées-Atlantiques.
Royal et Moscovici favorables à un "geste"
Invitée d'Europe 1 mardi soir, Ségolène Royal s'est ainsi dite "favorable" à un geste à l'égard du leader centriste. "Je considère qu'un geste à son égard ne serait pas infondé", a estimé la socialiste "Il faudrait que François Bayrou en fasse la demande et que nous puissions en débattre. Mais ça ne me choquerait pas que nous puissions faire un geste à son égard, dans la mesure où il a été très clair sur la base d'un certain nombre de valeurs", a ajouté Ségolène Royal.
Pierre Moscovici s’est aussi déclaré en faveur d’un geste en direction de l’ex-candidat à la présidentielle. "Son vote a été important... C'était un choix pas facile, courageux. A titre personnel, je suis favorable à ce que quelque chose soit fait", a déclaré l’ancien directeur de campagne de François Hollande. La députée socialiste Marisol Touraine a, de son côté, affirmé qu'à son "avis", cela serait "cohérent". "Il me paraît normal que M. Bayrou puisse ne pas être pénalisé pour le soutien à François Hollande", a-t-elle argué sur i-Télé.
Cet argumentaire, le Parti de gauche n'y adhère pas. "Il s'agirait là d'une mauvaise indication en ce tout début de quinquennat pour tous ceux qui rejettent les alliances avec le centre", indique le mouvement de Jean-Luc Mélenchon dans un communiqué. "Si le Parti socialiste venait à choisir cette direction, la gauche sera de toute façon bien présente dans cette circonscription grâce à la candidature de Daniel Labouret, candidat du Parti de gauche sous la bannière du Front de gauche", prévient le PG.
Isolement de plus en plus grand
A l’UMP non plus, pas question de laisser le champ libre à François Bayrou, après ce qui a été vécu comme une "trahison". "Le voici donc dans le camp de la majorité présidentielle. Nous sommes aujourd'hui face à cela conduits à présenter un candidat issu de l'UMP dans sa circonscription", a annoncé lundi Jean-François Copé. "Le bureau politique a décidé cet après-midi qu'un candidat investi par l'UMP serait présent dans la circonscription de François Bayrou, celui-ci ayant pris la décision d'appeler à voter François Hollande", a précisé le secrétaire général de l’UMP.
Cette situation illustre l’isolement de plus en plus grand de François Bayrou à droite. Isolement encore renforcé par un déjeuner organisé lundi et réunissant des ténors du centre-droit. Ce repas s'est tenu au ministère de la Fonction publique. Autour de la table, se trouvaient l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, le président du Parti radical Jean-Louis Borloo, le ministre de la Fonction publique François Sauvadet et les députés Marc-Philippe Daubresse (UMP) et Jean-Christophe Lagarde, numéro 2 du Nouveau centre. "Pour tous les participants" au déjeuner, "la rupture (avec François Bayrou) est consommée", a commenté le député Pierre Méhaignerie.