Beaucoup d’informations, annoncées comme des quasi-certitudes, avaient filtré avant l’allocution radiotélévisée de Nicolas Sarkozy dimanche soir. Beaucoup se sont révélées exactes : le départ de Michèle Alliot-Marie, la nomination d’Alain Juppé, l’entrée au gouvernement de Claude Guéant et Gérard Longuet… Mais le chef de l’Etat est tout de même parvenu, comme souvent, à surprendre son monde, au terme d’un dimanche où la communication émanant du sommet de l’Etat avait été verrouillée avec soin.
La totale absence de Fillon
Sur la forme, d’abord. C’est en vain que les rédactions de France ont attendu le communiqué de presse qui, comme de coutume, annoncerait le remaniement. Nicolas Sarkozy a tenu à communiquer lui-même les changements au sein de l’équipe gouvernementale, dans un signal fort visant à illustrer la gravité de ses propos sur les révolutions dans le monde arabe.
Avant lui, seul Jacques Chirac avait bouleversé les codes, en annonçant, en 2005, la nomination d’un certain Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur, en même temps que celle de Dominique de Villepin à Matignon. La particularité, avec le remaniement de dimanche soir, c’est l’absence totale du Premier ministre François Fillon dans le processus.
Maintenir Ollier, un risque ?
La deuxième surprise est venue du maintien de Patrick Ollier. "Si elle part, je pars", avait pourtant lancé avec emphase le compagnon de Michèle Alliot-Marie vendredi dans le Journal du Dimanche. Mais "POM" reste bel et bien ministre des Relations avec le Parlement. Selon Le Parisien, c’est Michèle Alliot-Marie elle-même qui a plaidé la cause de son conjoint auprès de Nicolas Sarkozy.
Mais en maintenant Patrick Ollier, le chef de l’Etat prend le risque que la polémique rebondisse sur lui. Car l’ex-député des Hauts-de-Seine était du voyage si controversé de Michèle Alliot-Marie en Tunisie. En outre, ses accointances avec la Libye de Kadhafi, en tant que fondateur et ancien président du groupe d’amitié France-Libye à l’Assemblée pourrait devenir gênantes.
Enfin, la nomination de trois secrétaires d’Etat était attendue, en vain. Car ce qui était vrai pour Alain Juppé et Brice Hortefeux le demeure pour Gérard Longuet et Claude Guéant. A la Défense pour le premier, mais encore plus à l’Intérieur et l’Immigration pour le second, les plannings risquent d’être des plus chargés. Il n’est pas impossible que de telles nominations surviennent dans les jours à venir.