Dans une lettre à Martine Aubry, le socialiste maintient ses conclusions dans l'affaire Guérini.
Son rapport sur la puissante fédération des Bouches-du-Rhône et de son baron Jean-Noël Guérini a fait des vagues au PS. Pour s’en expliquer, Arnaud Montebourg a décidé d’écrire une lettre à Martine Aubry. "J'ai préféré garder jusqu'à présent le silence après la publication malheureuse et inappropriée du rapport que je t'avais exclusivement et confidentiellement destiné au mois de décembre, afin de ne pas ajouter au risque de confusion", écrit-il dans ce courrier publié sur son blog.
Et le candidat aux primaires semble excédé par les critiques dont il fait l’objet de la part des ténors du Parti socialiste : "la façon dont les dirigeants qui t'entourent et toi même s'emploient à discréditer mon travail sans condamner d'invraisemblables comportements au sein de la Fédération des Bouches du Rhône me paraît autant désolante que blessante", confie-t-il. La révélation la semaine dernière de ce rapport "confidentiel" dénonçant "dérives" et "clientélisme" d'une fédération dirigée selon un "système de pression féodal reposant sur l'intimidation et la peur" n'avait pas été appréciée rue de Solférino.
"La loi du silence"
Quant aux importants dysfonctionnements qu’il pointe dans ce rapport, Arnaud Montebourg persiste et signe : "de nombreux élus et militants marseillais se sont ouverts à moi de faits les plus condamnables et effrayants qu'ils m'ont relatés dans le détail au sujet de cette Fédération et m'ont littéralement supplié de m'en emparer, de t'en avertir, et d'agir au nom de l'honneur du socialisme", argue-t-il.
Le député de Saône-et-Loire indique maintenir ses conclusions "tendant à la mise sous tutelle de la fédération des Bouches-du-Rhône". Et d'en appeler à la "haute responsabilité" de la première secrétaire, "chargée de protéger la réputation du socialisme français". Il dénonce "la loi du silence" orchestrée par les "collaborateurs zélés" de Martine Aubry.
"Une série de discours creux"
Arnaud Montebourg regrette "qu'on ait cherché à (l)'empêcher de produire ce rapport avant même son achèvement", "qu'il ait été prétendu avoir été égaré". Selon lui, la commission d'enquête annoncée par la patronne du PS "vient bien tard". "Mais je lui destinerai mes informations si elle est composée de personnalités indépendantes", promet-il, souhaitant "un moratoire de toute prise nouvelle de responsabilités" par Jean-Noël Guérini.
Pour le député socialiste, la rénovation du PS "ne peut pas être (...) une série de discours creux et sans suite concrète". A l'heure de "la grande offensive" du FN, "est-il possible que les socialistes que nous sommes puissions demander des comptes aux abus de pouvoir du sarkozysme, exiger qu'il soit mis fin à la corruption du régime et du pouvoir actuels, (...) si nous tolérons en notre sein des comportements aussi condamnables que repoussants ?", questionne-t-il. La missive est signée "ton bien dévoué et fidèle secrétaire national à la Rénovation".
La plainte de Guérini
La lettre d'Arnaud Montebourg a fortement déplu au patron de la Fédération socialiste des Bouches-du-Rhône. Jean Noël Guérini a une nouvelle fois porté plainte contre le député, après avoir annoncé la semaine dernière le dépôt d’une première plainte en diffamation. Celle-ci concernait la publication du rapport d’Arnaud Montebourg dans la presse.