Dans son grand discours du Bourget, dimanche, François Hollande a fait du logement l’une de ses priorités. Encadrement des loyers, mise a disposition des terrains de l'état pour construire de nouveaux logements, doublement du plafond du livret A qui finance le logement social ou encore durcissement des sanctions contre les communes qui ne respectent pas les quotas de construction de HLM... Voilà quelques pistes lancées par le candidat PS. Ambitieux donc, mais ce programme est-il réaliste ?
Une chose est sûre : en matière de logement, il y a urgence. 3,6 millions de personnes sont mal-logées en France, qu’elles soient sans-abris ou qu’elles habitent dans des logements insalubres ou surpeuplés.
L'une des pistes proposée par François Hollande, c'est de multiplier par cinq les sanctions contre les villes qui ne respectent par les quotas de constructions de logements HLM, régis par la fameuse loi SRU. Neuilly, en région parisienne, est souvent montrée du doigt pour ne pas respecter cette contrainte. Elle paye d'ailleurs 3 millions et demi d'euros d'amende par an. Avec une telle mesure, l'amende passerait à 15 millions. "Ça ne changera rien", prévient d’emblée Jean-Christophe Fromantin, maire de la ville des Hauts-de-Seine, joint par Europe 1. "La seule manière de l’éviter serait de construire davantage. Mais moi, je n’ai pas un mètre carré disponible".
"Ça ne changera rien" :
"Mon seul levier, c’est la préemption", poursuit l’élu. "Et pour qu’il y ait préemption, il faut qu’il y ait des ventes d’immeubles. Et il n’y a pas de ventes d’immeubles qui peuvent être transformés en logements sociaux tous les jours. Ce genre de propos, c’est bien, c’est dynamique dans une campagne, mais c’est assez basique", déplore Jean-Christophe Fromantin, qui plaide pour l’accélération de la rotation dans les logements sociaux. C'est à dire libérer plus rapidement les appartements quand les locataires augmentent leurs revenus.
Autre proposition du candidat Hollande : encadrer les loyers dans le privé. L’idée, qui consiste en le gel des loyers dans les régions dites tendues, là où la demande est très supérieur à l'offre est simple à mettre en œuvre. Elle nécessite un simple décret. Sauf que… "On en entend parler depuis des années et des années du blocage des loyers, et ça n’a jamais fonctionné", assure Jean Perrin, président de l'union nationale de la propriété immobilière "En région parisienne, il y a déjà un décret de blocage des loyers, ça n’empêche pas les loyers d’augmenter. C’est vrai qu’il y a une demande forte et que les locataires sont prêts, ceux qui en ont la possibilité financière, à prendre ce qu’ils trouvent, sans discussions."
Le problème, poursuit-il, c’est que personne ne se plaint. "Parce que les candidats locataires qui ont déjà la chance de se trouver un logement ne cherchent pas se compliquer l’existence", explique Jean Perrin. "Mais je crois que la bonne solution, c’est d’avoir une offre de logements abondante."
"Cela n’a jamais fonctionné" :
Là-dessus, tout le monde s’accorde. Il manque environ 902.000 logements en France. Mais les construire prend du temps, alors qu’il ya urgence. "Ça fait dix ans maintenant que les loyers se sont emballés, et particulièrement à Paris. Qui en profite ? Pour le moment, ce n’est pas la société française, ni l’économie, c’est seulement les propriétaires", dénonce Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre. "Dans une économie de marché, quand l’offre est inférieure à la demande, l’offre se renchérit. Donc on ne peut pas laisser comme ça. Il faut prendre des mesures de régulation, au moins jusqu’à tant qu’on ait rétabli un équilibre du marché entre l’offre et la demande", préconise-t-il.
"Il faut prendre des mesures de régulation" :
Mais pour construire de nouveaux logements il faut des terrains. D'ou la proposition de François Hollande de mettre à la disposition des collectivités locales tous les terrains de l'état disponibles d'ici 5 ans, une piste à laquelle réfléchit d’ailleurs également le gouvernement. Et des terrains, il y en a, y compris en Ile-de-France que ce soient des terrains militaires, ou appartenant à des entreprises de l'Etat comme la SNCF. Mais ce le changement d'attribution n'est pas si simple, et François Hollande devra en dire plus jeudi lorsqu'il dévoilera plus précisément son programme.