Il se veut "un facteur d'unité". Beaucoup, à l’UMP, aimeraient enfiler ce costume. Mais il semble taillé sur mesure pour Luc Chatel. Alors que l’UMP a effectué une rentrée en ordre dispersée - critiquée par la base -, un seul homme a effectué tous les déplacements pour écouter Jean-François Copé, François Fillon et les Amis de Sarkozy : Luc Chatel. Le vice-président de l'UMP est-il en cela "le bon élève de l’UMP" ? Ou plutôt le "fayot" de la classe, un habile politique qui ne veut pas vexer aucun des trois ténors de sa famille politique ? Europe1.fr a posé la question à des élus UMP. Et à Luc Chatel, qui s’en est amusé.
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Oui, c’est un bon élève. En plein psychodrame de l’UMP, l’hiver dernier, Luc Chatel faisait (déjà) partie "des plus modérés", rappelle Gerald Darmanin, député du Nord. Les attaques ad hominem, très peu pour Chatel l’humaniste. "Chatel, c’est LE bon élève. En tant que vice-président de l’UMP, il a fait le lien entre les trois rassemblements, et c’était une excellente idée. Je regrette d’ailleurs de ne pas l’avoir eu moi aussi ! Comme je regrette que d’autres ne l’ai pas fait…", s’enflamme Benoist Apparu (photo), ancien ministre du Logement, proche d’Alain Juppé. "C’est très bien que l’UMP affirme ses convictions, mais il ne faut pas non plus oublier que l’on fait partie de la même famille. Moi, je joue d’abord la famille !", abonde Luc Chatel, Monsieur Unité.
Quand les ponts étaient coupés avec un Sarkozy agacé par la tournure des événements entre Fillon et Copé, Chatel était l’un de ceux qui discutaient encore avec lui. Pas surprenant, donc, d’entendre Patrick Balkany (photo), ami historique de l’ancien président, louer la décision de l’ancien ministre de l’Education nationale : "il ne faut pas voir de malice là-dedans. Chatel est un mec formidable, le grand patron de la paix des braves. Il souhaite que l’UMP fonctionne avec toutes ses composantes", juge le maire de Levallois. Pierre Charon, autre grognard de la sarkozie, décerne quant à lui "le prix de la camaraderie" à Luc Chatel. "C’est très touchant", a réagi ce dernier.
Non, c’est un fayot. Qu’il est compliqué de faire siffler les oreilles de Luc Chatel. "Accueillant" avec les nouveaux parlementaires, "un mec formidable", le coprésident du courant humaniste de l’UMP est un homme apprécié. "L’anti-Wauquiez", en somme… Sa décision de ne sécher aucune des rentrées laisse toutefois sceptique quelques cadres du mouvement. "Chatel est plutôt copéiste, mais il commence à craindre que ce dernier n’ait pas l’avenir qu’il espérait, il sent aussi que Fillon est plus motivé que jamais, et que Sarkozy peut toujours revenir", décrypte Bernard Debré, qui en tire une conclusion :"comme beaucoup de jeunes, il a de l’ambition, c’est quelqu’un d’habile politiquement. Il ne veut insulter personne… Et surtout pas l’avenir !", tacle le député de la 15e circonscription de Paris.
Geoffroy Didier (photo), leader de la Droite forte et sarkolâtre assumé, estime quant à lui que "ce n’était pas une obligation d’aller aux trois rentrées pour contribuer à l’unité. Il suffisait d’aller à la réunion des Amis de Sarkozy, puisque toutes les composantes de la famille étaient là !" Voilà pour la pirouette. Le décryptage est moins sympathique, bien que ce proche de Brice Hortefeux assure - comme tout le monde -, apprécier Luc Chatel : "c’est peut-être une stratégie politique. Mais elle peut être dangereuse car appartenir à tout le monde, c’est aussi prendre le risque de n’appartenir à personne." Proche de Xavier Bertrand, Gerald Darmanin - "pas un aficionado de Chatel mais je respecte l’homme" -, ne voit "ni malice ni opportunisme" dans la stratégie de Chatel. "Mais je suis peut-être naïf…", ajoute-t-il en souriant.