Maires de Bidon ou Bourré... et fiers de l'être !

Bruno Comby, conseiller municipal et candidat à la mairie d'Houilles, dans les Yvelines, a fait du nom de sa ville un cheval de bataille.
Bruno Comby, conseiller municipal et candidat à la mairie d'Houilles, dans les Yvelines, a fait du nom de sa ville un cheval de bataille. © MaxPPP
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DIFFICILE A PORTER - Un candidat à la mairie d'Houilles propose de rebaptiser sa ville. Pourtant, il y a pire… Mais comment font les maires ?

Histoire d'Ouille. Il n'y a pas que Montcuq en France. Bruno Comby, lui, ne ne veut pas être "maire d'Houilles" (qui s'entend donc, "merdouille"). Ce conseiller municipal et candidat à la mairie, de cette commune des Yvelines de 32.000 habitants, a fait du nom de sa ville un cheval de bataille. Son plan : rebaptiser la commune Oville pour lui donner plus de crédibilité. Et éviter des plaisanteries du type : "hier, on m'a dit qu'on était mieux à Vaux qu'Houilles". Un combat compréhensible… mais (quasi) unique. Décryptage.

>> Pour le détail sur la ville de Houilles, lire ici

"Les habitants assument". De nombreuses communes françaises sont estampillées d'un nom peu glorifiant, en tout cas à premier abord. Mais la plupart des maires de ces villes ne voudraient le changer pour rien au monde. "Il n'en est pas question", lâche ainsi Michel Delalande, maire de Bourré, contacté par Europe1.fr. L'identité et la tradition priment souvent sur les railleries. "Notre nom vient de la pierre  des carrières de Bourré, célèbres pour avoir servi à bâtir les châteaux de la Loire, dont Chambort", explique fièrement l'élu de cette commune du Loir-et-Cher (763 habitants).

Mouais

Michel Delalande insiste : "les habitants assument. Ils ne comprendraient pas que l'on change". Pas question non plus de rebaptiser les communes de Mouais(du breton "Moues", qui signifie "humide"), en Loire-Atlantique ou encore de SallesPisse(inspiré du Germain, et signifiant : "château de Piccius"), dans les Pyrénées-Atlantiques, dont les mairies ont été contactées par nos soins.

"Le contraire d'un frein". Parfois, un nom atypique peut même devenir une arme. "Nous en sommes très fiers. Il est original, on se démarque et cela contribue à notre développement. C'est le contraire d'un frein", se réjouit André Vermorel, maire de Bidon, commune de 200 âmes en Rhône-Alpes. "Il y a quelques années, nous n'étions encore qu'une vingtaine d'habitants. Cela attire du monde. Il y a même une société de voyages en Afrique qui s'est installée. Même en Afrique, on parle de Bidon!", renchérit l'élu.

bidon

"Il attire des ennuis". Mais un nom atypique n'attire pas que des agences de voyage. "Parfois, il attire les ennuis aussi. Chaque année, on nous vole une vingtaine de panneaux. Nous n'en avons que six alors il faut les remplacer!", déplore le maire de Bourré. "Ce sont principalement des touristes, cyclistes, qui aiment se prendre en photos à côté du panneau, souvent... bourrés…", poursuit-il. Un ou deux panneaux disparaissent également chaque été à Mouais, nous apprend la mairie. Et"les habitants des communes voisines ont tendance à se moquer. Nous nous appelons les Mouaisiens, ça fait penser à 'moisie'", reconnaît-on aussi.

De rares changements. Malgré ces quelques désagréments, rares ont été les élus à vouloir officiellement se débarrasser d'un nom difficile à porter. En épluchant la liste des changements de noms des communes de France, il faut remonter au… 17 décembre 1970 pour constater un pareil cas de figure : la ville des Crottes, dans les Hautes-Alpes, est devenue la ville des Crots. "Avec l'oubli des langues régionales, beaucoup de gens ne savaient plus ce que voulait dire Crottes (caves, maisons voutées ndlr). Or, ça avait un côté nauséeux", nous explique  aujourd'hui Roger Cézalle, secrétaire de mairie à l'époque.

"On commençait à s'ouvrir au tourisme, les gens passaient et faisaient des blagues du type :'vous avez la crotte au cul'. Le maire devait s'annoncer comme 'maire des Crottes'. Ca ne passait pas bien", raconte Roger. Cinq ans plus tard, la ville de Sucé a, pour sa part, été rebaptisée Sucé-sur-Erdre. Mais à l'origine, c'était dans un souci de se servir du nom de la rivière pour attirer les touristes. Aujourd'hui, Jacques Lefebvre, président de l'association Patrimoine et Historie de la ville, le reconnaît, un brin amusé : "à l'air d'internet, on aurait été bien embarrassé de toujours s'appeler Sucé".

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