Manif pour tous : l'UMP joue les équilibristes

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Fabienne Cosnay , modifié à
STRATÉGIE - Quasi-absent lors de la manifestation de dimanche, le parti cherche le bon positionnement face au mouvement.

L'UMP aux abonnés absents. Lors de la dernière manifestation contre la loi Taubira, en mai 2013, la plupart des ténors de l'UMP battaient le pavé aux côtés des opposants au mariage pour tous. Un an et demi après, les choses ont changé. Par crainte des débordements et par peur d'être associés à une mobilisation réactionnaire, les responsables de l'UMP étaient aux abonnés absents, dimanche. Dans le cortège, il ne restait que le noyau dur, ceux-là mêmes qui plaident encore pour l'abrogation de la loi Taubira, en cas de retour de la droite au pouvoir en 2017. Les députés Hervé Mariton, Philippe Gosselin et Jean-Frédéric Poisson, tous trois en première ligne au printemps dernier, ont répondu à l'appel de la Manif pour tous. Tout comme l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino.

La peur des débordements. A quelques heures du départ du cortège, dimanche, le député UMP des Yvelines résumait bien l'embarras qui régnait dans les rangs de l'UMP. "Je suis totalement solidaire de ceux avec qui j'ai manifesté contre la loi sur le mariage en 2013" mais "il y a ce risque de voir des éléments incontrôlés pourrir la manifestation sous l'oeil un peu satisfait de certains ténors de la majorité actuelle", avait expliqué Henri Guaino, sur Europe 1, avant finalement de rejoindre le cortège. Il y avait "danger" de débordements, a renchéri le représentant du courant la Droite forte, Geoffroy Didier.

Le "Je vous ai compris" de Copé. Aurait-il tenu ce discours si la manifestation avait mal tourné ? Invité sur Europe 1 lundi matin, le président de l'UMP Jean-François Copé a éludé la question de son absence aux côtés de la Manif pour tous, estimant que "ce n'était pas le sujet". Mais tout de suite, le député-maire de Meaux a voulu rassurer les manifestants, assurant que "la ligne de l'UMP était extrêmement simple". "Elle consiste à dire "arrêtons de toucher au socle de la politique familiale", a souligné le président de l'UMP, en guise de yeux doux à la Manif pour tous. "Ce qui s'est passé hier est extrêmement important, une nouvelle fois. Ce qui compte, c'est de voir qu'il y a derrière tout ça un très profond malaise par rapport à la question de la famille", a ajouté Jean-François Copé, assurant "comprendre" les manifestants.

"Il en faut plus et vite". Ou comment ne pas froisser de futurs électeurs à trois mois des municipales. Dans la matinée, le bras droit de Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux se livrait à une opération séduction en direction des militants de la Manif pour tous, assurant que l'UMP était "le débouché principal des revendications portées par les gens qui sont légitimement inquiets et qui étaient dans la rue, hier". Et Jérôme Lavrilleux de prendre l'exemple de Sens commun, association qui regroupe de jeunes figures de la Manif pour tous au sein de l'UMP depuis décembre. Via un tweet, ces adhérents ont rappelé au principal parti d'opposition que leur soutien n'était pas inconditionné. "Merci à Guaino, Mariton, Gosselin, Moreau et tous les élus UMP qui ont l'audace de s'engager. Mais il en faut plus, et vite" ont-ils écrit.

Eviter les sujets explosifs. A l'UMP, l'après-loi Taubira a laissé des plaies. La plupart des ténors de l'UMP savent qu'en cas de retour de la droite au pouvoir, l'UMP se contentera d'une réécriture du texte et non d'une abrogation comme elle a pu le promettre au printemps 2013 avant le vote de la loi. Aujourd'hui, ils sont une minorité, à l'image du député UMP de la Drôme Hervé Mariton à assumer un retour en arrière. Contacté par Europe1.fr, le parlementaire ne désespère pas de "peser à l'occasion des primaires" mais est, pour l'instant prié de se taire.

Lors de l'adoption de son projet d'alternance, le 25 janvier dernier, l'UMP a volontairement laissé de côté les sujets de société, jugés trop clivants à l'heure où le parti cherche à offrir une image d'unité. "J'avais proposé un chapitre sur la famille mais le comité stratégique de l'UMP a préféré le reporter", rappelle Hervé Mariton. "Mais reporter n'interdit pas, à un moment donné, d'atterrir et de conclure", conseille, un brin sarcastique, le parlementaire.

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