La photo qui agite le web. Dimanche, Henri Guaino s’est fendu d’une énième sortie polémique sur les chiffres de 45.000 manifestants avancé par la police. Mais c’est bien la présence aux avants postes de Gilbert Collard qui fait parler d'elle. Le député du Rassemblement bleu Marine s’est ainsi ostensiblement affiché aux cotés d'UMP. A l'une des extrémités de la grande banderole tenue par les élus, l'on pouvait lire: "Tous gardiens du code civil". Le secrétaire général adjoint du FN, Nicolas Bay, était lui aussi présent. Tout sourire, le médiatique avocat a également embrassé Frigide Barjot, égérie du mouvement, sous les yeux d’une Christine Boutin visiblement ravie.
Collard, ce rugbyman. Interrogé dans la soirée au micro d’i-Télé, Gilbert Collard, après avoir regretté les dérapages qui ont lieu à la fin de la manifestation, a expliqué être venu car "son emploi du temps le lui permettait, contrairement peut-être à celui de Marion Maréchal-Le Pen." "Ce n’était pas une obligation de s’y rendre", mais il s’y est rendu "pour témoigner de la présence de toutes ces femmes et de tous ces hommes qui ne veulent pas de cette loi." L’avocat a ensuite regretté l’attitude des élus UMP à son égard. "Il a fallu que mes années de rugby me servent pour que je reste derrière la banderole. C’est tout à fait lamentable. On se bat pour une certaine idée de la famille et on n’a pas à faire de monopole politique."
(à partir de 3mn20)
Les élus grondent. Ce rapprochement d’un jour a très vite été pointé du doigt par un élu socialiste du Cher, Yann Galut, sur son compte Twitter :
Quand l'alliance UMP et FN se fait dans la rue lors de la #manifpourtous ... #collard avec les UMP #Mariagepourtoustwitter.com/Jordanminary/s…”— Yann Galut (@yanngalut) 21 avril 2013
Harlem Désir, patron du Parti socialiste, s’est également engouffré dans la brèche pour voir dans cette image symbolique "une sorte d’acte fondateur entre la droite et l’extrême droite". "La droite et l'extrême droite ont forgé leur union dans un combat d'intolérance contre une partie des Français, contre les homosexuels, ce n'est pas tolérable", a accusé le patron du PS.
Autre élu à critiquer cette photo qui agite les réseaux sociaux, Yves Jégo. L’élu centriste, favorable au projet de loi sur le mariage gay et qui a révélé être fréquemment menacé, s’est offusqué lui aussi sur son compte Twitter. :
Comment peut on se dire de centredroit et défiler côte a côte avec un haut dignitaire du #FN tout en niant la légitimité du Parlement ?!— Yves Jégo (@yvesjego) 21 avril 2013
Le Pen était contre. L’UMP et le FN se rapprocheraient-ils donc par le biais de ce mouvement populaire? Dimanche, sur France 2, Marine Le Pen a réfuté l’idée, expliquant pourquoi elle ne défilerait pas dans le cortège de la Manif pour tous. "J’ai le sentiment que cette grande manifestation, qui, au départ, était apolitique, est en train très d’être largement reprise en mains par l’UMP, ainsi que son égérie Frigide Barjot", a ainsi assuré la patronne du Front national.
Conclusion : "Marion Maréchal-Le Pen, qui devait y aller, n’ira pas à cette manifestation", a tranché la patronne. Mais la consigne n’a visiblement pas été passée à tous. "Je comprends donc que Marine n’y soit pas allée", a déminé Gilbert Collard.
L'UMP démine. Du côté de Brice Hortefeux, aucune condamnation n’est en revanche à attendre. "Manifeste chaque citoyen qui partage les convictions de ceux qui ont organisé la rencontre, donc moi je ne me préoccupe pas des autres", a réagi l’ancien ministre de l’Intérieur et proche de Nicolas Sarkozy, interrogé lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI. "Si j'avais pu y être cet après-midi, je l'aurais été", a-t-il ajouté. Henri Guaino, trublion de l'UMP sur ce sujet, est dans la même logique car "ceux qui défendent les mêmes valeurs ont le droit de manifester. Tant qu'il n'y a pas d'horreurs sur leurs banderoles, ça ne me gêne pas", élude le député des Yvelines.
Christine Boutin, qui était aux côtés de Gilbert Collard, ne dit pas le contraire, elle que l'on a vu sourire de la proximité entre l'avocat et Frigide Barjot : "le FN, soit il est hors de la République, soit il a des élus et il est dedans. Donc il faut les respecter", a tranché la président du Parti chrétien démocrate.