Feu sur Valls. Depuis qu'il a débuté sa tournée anti-FN avant les municipales, le plus populaire des ministres Manuel Valls est devenu la cible favorite du parti d'extrême droite. "Des attaques réfléchies et planifiées", relate l'éditorialiste politique d'Europe 1 Caroline Roux.
La théorie du complot. "Marine Le Pen n’est pas du genre à faire dans la nuance mais cette fois la charge est violente", poursuit Caroline Roux. La présidente du FN porte des accusations graves contre le ministre de l'Intérieur, usant de la théorie du complot. Manuel Valls aurait ainsi organisé un cabinet noir, place Beauvau, chargée d’analyser les discours du Front national et d’étudier les profils de ses candidats. Une information on ne peut plus fiable, assure-t-elle, qui vient de "ses sources dans la police". Et Marine Le Pen d'accuser Manuel Valls de tous les maux: "Il utilise son ministère comme un petit dictateur", "il instaure un Etat policier", "il restreint la liberté d’expression", "il dissout les mouvements d’extrême droite mais ferme les yeux sur les groupuscules antifascistes", éructe la patronne du FN.
La cerise sur le gâteau. Marine Le Pen se pose encore en victime quand elle raconte qu’on lui a retiré sa protection policière sans la prévenir alors qu’elle a reçu des menaces après l’affaire Clément Méric. Et cerise sur le gâteau, elle assure que Manuel Valls est à l'origine d'un certain nombre de contrôles fiscaux déclenchés contre des membres Front national.
Mais pourquoi tant de haine ? En vue des municipales, Manuel Valls s'est rendu dans un certain nombre de villes où le FN entend réaliser de bons scores. Forbach, le 8 octobre, où le bras droit de Marine Le Pen Florian Philippot se présente. Hénin-Beaumont, dimanche dernier où Steeve Briois est candidat. Le locataire de la place Beauvau refuse de parler de "tournée anti-FN". "Le ministre se rend partout en France, et partout où progresse le sentiment d’abandon", souligne les proches de Manuel Valls. Sauf que "le sentiment d'abandon" rappelle "la France des oubliés" de Marine Le Pen. Quant aux accusations sur un supposé cabinet noir, la réponse au ministère de l'Intérieur tient en un mot : "grotesque". "Manuel ne fait pas une fixette sur Marine Le Pen", commente un de ses proches.
Valls peut s'en servir. Il n'empêche. La guerre est déclarée. Mais être la cible de Marine Le Pen est une bonne occasion pour Manuel Valls pour reconquérir une partie de la gauche. Celle-là même qui l'accusait d'être trop à droite. Mieux vaut devenir la cible privilégiée de Marine Le Pen plutôt que de s'entendre dire par Jean-Luc Mélenchon qu'on est "contaminé par le FN".