DJIHAD. "Les deux gamins, deux mineurs, ne sont peut-être pas encore en Syrie et sont sans doute en Turquie. Nous agissons en lien avec la famille pour pouvoir les récupérer et nous travaillons avec l’ensemble des services", a déclaré dimanche Manuel Valls, au micro du Grand Rendez-Vous Europe1-Le Monde –i>TELE. Le ministre de l'Intérieur revenait sur le sort de deux lycéens toulousains de 15 ans partis le 6 janvier dernier pour mener le djihad en Syrie.
• Une douzaine de mineurs au total. "Une douzaine de mineurs se sont rendus en Syrie ou ont voulu s’y rendre", a-t-il ajouté. "Mais le phénomène s’est accéléré au cours de ces dernières semaines, depuis la fin de l’année 2013, puisque nous avons recensé 6 mineurs qui ont manifesté leur volonté de s’y rendre", a poursuivi le ministre.
• 700 Français impliqués dans le conflit. Plus globalement, hors critère d'âge, le phénomène de "l'exode djihadiste" français prend une ampleur sans commune mesure. "Cela fait plusieurs mois, depuis l’été 2012, que nous sommes particulièrement inquiets face à un phénomène d’une ampleur inégalée", a indiqué Manuel Valls. "Sur les autres conflits, je pense à l’Afghanistan, à la Somalie, au Mali, les Français ou les résidents en France qui se rendaient dans ces pays afin de combattre au sein des rangs djihadistes ont été quelques dizaines. Là, et le président de la République l’a rappelé il y a quelques jours, il s’agit de près de 700 Français ou individus résidant en France qui sont recensés et plus ou moins impliqués par rapport au conflit en Syrie", a révélé Manuel Valls avant de détailler précisément leur rôle.
• 250 Français en Syrie. "Il y a peu près 250 Français ou résidents en France qui aujourd’hui combattent en Syrie. Une centaine sont en transit pour s’y rendre. 150 ont manifesté leurs velléités de s’y rendre et entre 75 et 76 sont revenus", a-t-il indiqué. "21 Français ou résidents en France sont morts là-bas", a également précisé Manuel Valls. "C’est ce que nous avons recensé mais il y a évidemment une marge d’erreur. Sans doute, d’autres Français se sont rendus en Syrie sans avoir pu être recensés par nos services", a-t-il toutefois concédé.
• "Ce n’est pas dans les mosquées que le recrutement s’organise". "Il semblerait que ces deux garçons de Toulouse aient été radicalisés dans un temps particulièrement court. Ils n’ont pas été repérés ni par nos services, ni par leurs parents, ni par leurs familles", a indiqué Manuel Valls. "Ce n’est pas dans les mosquées que le recrutement s’organise. C’est le plus souvent sur Internet", a-t-il insisté. "Il y a des filières qui ont été démantelées. Je vous rappelle que le groupe qui a commis l’attentat de Sarcelles préparait le passage d’individus en Syrie. Il y a un groupe, et peut-être une filière qui a organisé, il y a quelques semaines, le passage d’une vingtaine de personnes à Strasbourg. Cela veut bien dire qu’il y a à la fois des filières mais qu’il y a également le phénomène Internet", a précisé le ministre. "Il faut être toujours d’une très grande transparence et dire la vérité à nos compatriotes. Nous pouvons être dépassés par ce phénomène vu son ampleur", a concédé le ministre de l'Intérieur. "Il y a aujourd’hui 30 dossiers, suivis par la justice, relatifs aux filières. Ils impliquent 168 individus. Ces dossiers sont judiciarisés et il y a déjà eu une vingtaine de personnes qui ont été écrouées et qui font l’objet de contrôle judiciaire", a-t-il précisé.
•Le danger du retour. Le véritable danger de ce phénomène se situe dans le retour de ces combattants sur le territoire français, a rappelé Manuel Valls. "Tous, quand ils se rendent en Syrie, marquent leur volonté de combattre au sein d’organisations djihadistes telles le Front Al-Nosra, l’Etat Islamique en Irak et au Levant (L’EEI), c’est-à-dire des organisations classifiées comme terroristes. Il est là le danger puisque, le retour, s’ils avaient des velléités d’organiser des attentats en France, est particulièrement délicat", a-t-il craint. "Le président de la République m’a demandé de lui formuler un certain nombre de propositions pour amplifier les moyens pour faire face à ce phénomène", a indiqué le ministre de l'Intérieur. "Il représente pour moi le plus grand danger auquel nous devons faire face dans les prochaines années", a-t-il poursuivi. Il a aussi rappelé que la question a été traitée lors de la présentation de la loi anti-terroriste à la fin de l’année 2012 : "maintenant les juges peuvent poursuivre ceux qui, sans avoir commis d'attentat dans notre pays, vont combattre dans des organisations terroristes à l’étranger".
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