Manuel Valls cultive sa différence avec son prédécesseur. Après avoir annoncé un "détricotage" des mesures Guéant en matière d'immigration, le ministre de l'Intérieur a vanté mardi sur Europe 1 sa politique "ferme" et "claire", assurant que la volonté du gouvernement était "d'inclure et d'intégrer".
"C'est lié à la tradition républicaine"
Le ministre a réaffirmé sa volonté de ne pas appliquer les critères de naturalisation voulus par le précédent gouvernement. "La naturalisation est un élément de l'intégration réussite de notre pays. C'est lié à la tradition républicaine", a martelé le nouveau locataire de la place Beauvau.
"La naturalisation doit être le résultat d'une intégration réussie. Ceux qui deviennent français le sont en moyenne après 16 ans sur le territoire national. Claude Guéant a profondément dénaturé les grands principes de naturalisation. Il l'a fait en catimini par le biais de circulaires non-publiées, par le biais d'instructions orales aux préfets et jamais à l'occasion d'un débat", a-t-il accusé mardi.
"Stigmatiser l'immigré"
Depuis plusieurs jours, la droite critique ouvertement la politique d'immigration menée par le nouveau ministre de l'Intérieur. Lundi, Eric Ciotti, député UMP et directeur de la campagne de François Fillon, avait évoqué sur Europe 1 "un effondrement de près de moitié du nombre de reconduites à la frontière" depuis mai. Il avait également fustigé une "politique très laxiste en matière d'immigration régulière". "Devenir français ce n'est pas banal, je refuse qu'on brade la nationalité", a-t-il déploré.
Manuel Valls a répondu mardi, accusant "la droite", "dans ses propres difficultés dues à la préparation de son congrès", de vouloir "instrumentaliser l'immigration" et "stigmatiser l'immigré, l'étranger à des fins politiques" avant d'ajouter : "rien dans ce que nous faisons, dans ce que je mène depuis deux mois, ne peut permettre de dire que nous ouvrions les vannes et que nous serions laxistes".
La rétention administrative
Un peu plus tard, Manuel Valls a annoncé pour la fin octobre un projet de loi visant à permettre la rétention administrative pendant douze heures des immigrés clandestins, en réponse à la fin de la garde à vue pour les sans-papiers ordonnée par la Cour de cassation.
Le 5 juillet, la Cour avait décidé que conformément à la législation européenne, il était désormais illégal de placer des clandestins en garde à vue (24 heures renouvelables une fois), pour le seul motif de séjour irrégulier.
Les policiers ne disposaient donc plus que des quatre heures d'un contrôle d'identité ou d'une audition libre, pour engager la procédure préalable à une éventuelle expulsion. Cette décision de la Cour de cassation concernait 60.000 personnes par an, selon les associations de défense des sans-papiers.