Devant le Congrès des maires, mardi à la porte de Versailles, à Paris, certains élus, t-shirt rose sur les épaules, faisaient signer une pétition contre le mariage pour tous. Le sujet, bien qu'il n'ait pas été au centre des débats, a tout de même été évoqué. Et notamment par le chef de l'Etat.
La phrase. "La loi s'applique pour tous dans le respect, néanmoins, de la liberté de conscience", a déclaré François Hollande. "Les maires sont des représentants de l'Etat", a rappelé le président de la République. "Ils auront, si la loi est votée, à la faire appliquer", a-t-il insisté.
Le chef de l'Etat a aussi précisé que "les possibilités de délégations (d'un maire à ses adjoints) existent et peuvent être élargies". C'est la première fois que François Hollande évoque cette modalité de délégation élargie pour les maires.
La nuance. François Hollande a pris soin d'évoquer la "liberté de conscience" et non une "clause de conscience", qui selon les experts pourrait être frappée d'inconstitutionnalité si elle figurait dans le projet de loi. "L'état-civil est le seul domaine où les maires n'ont aucune autonomie. Ils sont obligés d'appliquer la loi", rappelait ainsi récemment la constitutionnaliste Roseline Letteron.
Les réactions. "C'est une expression inattendue", s'est étonnée l'association Inter-LGBT (lesbienne, gay, bi et trans). "Je ne comprends pas comment on pourrait justifier qu'une loi ne s'applique pas de la même manière partout sur le territoire de la République", a dénoncé son porte-parole. Côté opposition, Jean-François Copé, président de l'UMP, a affirmé mardi soir que François Hollande montrait qu'il était "très mal à l'aise" sur le sujet."Je le comprends. Il a vu des dizaines et des dizaines de milliers de Français dire leur inquiétude, leur incompréhension", a déclaré le patron de l'UMP sur TF1. Sur Twitter, le patron des députés PS, Brunon Le Roux, a, lui, tenté de rassurer :
....en matière d'égalité des droits et très vite on verra que les élus qui refusent seront de -en- nombreux et surtout de -en- compris!— Bruno Le Roux (@BrunoLeRoux) Novembre 20, 2012
.....le problème pour la République serait que sa ville refuse de marier. Ce n'est pas possible aujourd'hui et ne le sera pas plus demain!— Bruno Le Roux (@BrunoLeRoux) November 20, 2012
Le contexte. Promesse de campagne de François Hollande, la loi sur le mariage pour les personnes de même sexe doit être discutée au Parlement début 2013. Plus de 100.000 personnes ont manifesté ce week-end dans toute la France contre ce projet de loi.
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A gauche, le débat est aussi ouvert. Le mouvement des Poissons roses, formé par des catholiques de gauche et qui revendique 700 adhérents, demande ainsi à François Hollande de "prendre le temps du débat".