Les tensions. "Ça fait trente ans que je siège dans cet hémicycle, je n'ai jamais vu cela", a confié Alain Vidalies, dans la nuit de jeudi à vendredi. Le ministre des Relations avec le Parlement et les députés présents à l’Assemblée nationale cette nuit là ont été les témoins - ou les acteurs - d'une montée de tension rare, provoquée par les débats sur le mariage homosexuel, qui se sont terminés vendredi à 7h30. Selon certaines sources, des élus ont même été à deux doigts d'en venir au main. Claude Bartolone (PS), président de l'Assemblée, va demander des sanctions. On vous résume cette nuit agitée.
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Que s'est-il passé ? En plein milieu d'une intervention de Marc Le Fur (UMP), qui revenait d'une manifestation et racontait la blessure d'une opposante anti "mariage pour tous", des députés UMP se sont précipités d'un coup en bas de l'hémicycle, en direction des siège du gouvernement, en criant "dehors", "dehors". Le moment de confusion a duré pendant plusieurs minutes sans qu'il soit possible de comprendre ce qui a déclenché la colère des députés UMP. Le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies était au milieu dans une tension physique très inhabituelle et les députés ont failli en venir aux mains. Le député Bernard Roman (PS) a même affirmé que "quelques coups de poing sont partis".
Sur LCP, la dame assise au fond nous explique qu'elle était juste au dessus RT @whainot: Ambiance, ambiance #DirectANtwitter.com/Whainot/status…— Lucarne Opposée (@LucarneOpposee) 18 avril 2013
Pourquoi cette "descente" ? Juste après l'incident, Hervé Mariton (UMP) a expliqué qu'"à plusieurs reprises, des collaborateurs se sont mis à rigoler et à se foutre de la figure de l'opposition". Une attitude qui aurait provoqué l'ire des députés UMP frondeurs, encouragés par la fatigue. Le président des députés UMP, Christian Jacob, a plaidé "la fatigue" et fustigé "l'attitude pas acceptable de la part de collaborateurs" de Christiane Taubira. "Les nerfs lâchent, ils cherchent toutes les occasions inimaginables pour tendre l'atmosphère (...). Ils ont pris prétexte d'un soupir d'un collaborateur, qui sans doute comme nous était un peu fatigué, pour créer un incident dans un climat qui rappelait plus le Parlement russe", a raconté pour sa part Jean-Jacques Urvoas (PS).
Des sanctions annoncées. "Rien ne justifie une espèce de descente avec une menace physique comme celle à laquelle on a assisté", a lancé Claude Bartolone (PS), le président de l'Assemblée. "Rien ne peut justifier la descente qu'il y a eu pour menacer un membre du cabinet de la garde des Sceaux", a-t-il martelé. "Je présenterai les images de cet incident à la prochaine réunion du bureau (de l'Assemblée, ndlr) et je demanderai qu'il puisse y avoir des sanctions car il y a des choses qui ne peuvent pas être acceptées", a-t-il renchéri.
Les débats ont, après l'incident, continué jusqu'à 7h30 du matin. Ils ont également été marqués par quelques tirades notables, à l'image de celle de Philippe Meunier (UMP), qui a brandi une ballerine, présentée comme appartenant à une opposante au mariage gay, pour expliquer que la manifestation qui a eu lieu plus tôt devant l'Assemblée n'était pas un rassemblement de "'nervis d'extrême droite".
Des tension aussi dans la rue. Le climat s'est notamment alourdi jeudi après qu'un bar gay de Lille a été la cible d'une agression la veille, menant à des interpellations. A Nantes, jeudi soir, la confrontation a été tendue et les adversaires au mariage gay ont défilé sous protection policière. La manifestation parisienne aux abords de l'Assemblée a de nouveau été marquée jeudi soir, comme mercredi, par des incidents. 70 à 80 personnes ont été interpellées à la fin de cette manifestation qui avait réuni dans le calme des milliers de manifestants anti-mariage.