Apolitique à son commencement, le mouvement d’opposition au mariage homosexuel a, petit à petit, été récupéré par l’UMP. C’est en tout cas ce que clament les autres partis politiques, FN en tête. Après avoir ferraillé des jours durant dans l’hémicycle, le principal parti d’opposition entend bien continuer à surfer sur ce mécontentement après le vote de la loi. Mais trois sujets divisent l’UMP.
Manifester ou pas ? Jean-François Copé ne se pose pas la question : le 26 mai prochain, il sera dans la rue aux côtés des milliers de Français qui défileront contre le mariage homosexuel. "Je prédis une grande manifestation où des centaines de milliers de personnes viendront dire non à la politique du gouvernement", estime le patron de l’UMP, qui a donc demandé à l’ensemble des militants de se déplacer en masse. Henri Guaino marchera dans leur pas, "jusqu'à ce que le président de la République entende la voix de tous ces Français qui demandent à ce que le peuple soit consulté" par référendum.
Le choix du président de l’UMP est loin de faire l’unanimité dans son camp. "Pour un parti de gouvernement qui s’honore de ne jamais avoir reculé devant la rue, c’est très lourd", a ainsi jugé François Baroin, ex-ministre du Budget. Dominique Bussereau, ancien ministre des Transports, estime que défiler dans la rue après un vote est "peu républicain". Réponse de Jean-François Copé : "l’UMP ne peut prendre le risque de se couper des centaines de milliers de Français descendus dans la rue." Mais en les rejoignant, elle prend un autre risque.
Prendre le risque de s’afficher avec le FN. C’est le corollaire de la question sur l’opportunité de manifester. La photo de Gilbert Collard défilant aux côtés de députés UMP, dimanche dernier, a du mal à passer. Beaucoup de mal pour certains. "Cela donne une impression d’homogénéisation droite-FN inacceptable", a tancé François Baroin. "Je n'accepterai sur le plan politique aucune collusion avec l'extrême droite", a pourtant répété Jean-François Copé sur RTL, lundi. Une fermeté de principe qui n’empêchera pas les élus frontistes de marcher une nouvelle fois aux côtés de Frigide Barjot et ses milliers d’amis, le 26 mai prochain. Et qui n’empêchera pas non plus les photographes d'immortaliser l'instant…
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Abroger ou pas ? "Si nous venons au pouvoir, nous prendrons nos responsabilités et réécrirons une partie de la loi (sur le mariage homosexuel) dans le cadre d'une politique familiale", a très vite assuré Jean-François Copé, suivi sur cette ligne par François Fillon. Très vite, mais très flou, aussi. Mardi, lors d’une réunion à huis clos, plusieurs élus, dont Bernard Accoyer, ancien président de l’Assemblée nationale, ou Laurent Wauquiez, que l'on dit tenté de prendre sa place, lui ont donc demandé une clarification.
Abrogation ou modification ? "Je crois qu’on ne pourra pas abroger la loi, il ne faut pas mentir aux Français", juge Henri Guaino, pourtant l’un des principaux pourfendeurs de la loi, qui rappelle que "des mariages vont être prononcés, des enfants vont naître. C'est le genre de loi très difficilement réversible." Un avis qui n’est pas partagé par Patrick Ollier, l’ancien ministre des Relations avec le Parlement : "ce qu'une loi a fait, la loi peut le défaire".
Guillaume Peltier, qui fait parti des jusqu’au-boutistes, a une autre idée. "Je prends un engagement et je me battrai jusqu'en 2017 pour ce faire : c'est que l'UMP s'engage à organiser dès 2017 un référendum visant à abroger cette loi", a affirmé le leader de la Droite forte, mercredi, sur LCI. Statu quo, modification ou abrogation, toutes les hypothèses sont sur la table.