Violences et agressions. Depuis la reprise du débat parlementaire sur le mariage gay à l’Assemblée, le climat est passé de tendu à délétère autour du projet. A la perspective de voir le texte bientôt adopté, le vote solennel ayant lieu mardi à l'Assemblée, certains ont clairement radicalisé et leurs actes, et leur propos. Mercredi soir, une manifestation a dégénéré près du Palais Bourbon, et dans la nuit, un bar gay a été saccagé à Lille.
Certains élus UMP n’hésitent plus non plus à donner dans la surenchère à l’Assemblée, comme le député UMP Philippe Cochet, qui a accusé jeudi la gauche d’"assassiner des enfants".
Mais cette radicalisation ne plaît pas à tout le monde à l’UMP. Dans les couloirs de l’Assemblée, la gêne est de plus en plus palpable.
"Débordée par la créature qu’elle a créée". Pour l’UMP, le dilemme est cruel face à la radicalisation de la rue. Il convient évidemment de condamner toutes violences, mais sans désavouer l’ensemble des manifestants. "On est sur le fil du rasoir", confient plusieurs députés à Europe 1. "L’UMP est débordée par la créature qu’elle a contribué à créer", regrette même l’un d’eux.
Arrêter les manifestations ? La question se pose désormais presque ouvertement. "Le climat est plus lourd qu’il ne l’était il y a quelques semaines, c’est vrai", admet Philippe Gosselin (photo), en première ligne en sa qualité d’orateur de l’UMP sur la question. "Si ça devait être un contexte de violences avéré et généralisé, effectivement, les politiques que nous sommes devraient impérativement, politiquement et moralement, mettre le hola !", poursuit l’élu de la Manche. "A ce stade, on n’en est pas là", tempèrent toutefois d’autres députés. "Il y a un risque à appeler à la force de la rue contre la force du Parlement. Comme le disait Nicolas Sarkozy, ce n'est pas la rue qui gouverne. Chacun à eu le temps de s'exprimer, chacun a vu les forces de l'autre. Il serait raisonnable d'arrêter les manifestations", estime, pour sa part, le député UDI,Yves Jego.
Abroger ou maintenir ? Une autre question se pose d’ores et déjà. Que fera la droite quand elle reviendra au pouvoir? Elle a plusieurs options : abroger purement et simplement, soumettre la question au référendum ou… maintenir le texte. "On verra le jour venu si oui ou non il y a une majorité de personnes à l’UMP qui veulent revenir sur le texte. Je suis convaincu que non", affirme le député UMP Franck Riester (photo), favorable au texte. "Nos compatriotes qui aujourd’hui ont de la réticence s’apercevront que ça n’a pas détruit la civilisation, et qu’au contraire ça aura apporté de la fraternité et de l’égalité dans notre pays.
"Nous réécrirons ce texte sur la question de l'adoption, la PMA et naturellement, nous rendrons impossible la gestation pour autrui", disait lui François Fillon dimanche sur Europe 1. Le premier ministre se prononce donc en creux contre l'abrogation du texte.
Une poignée d’irréductibles. En attendant que les esprits se calment et que la loi soit adoptée, l’UMP continue de batailler pour la forme dans l’hémicycle. Ils ne sont d’ailleurs plus qu’une poignée à s’en prendre au texte. Beaucoup ont en effet décidé de laisser filer car ils le savent : la messe est dite.