La perspective de la légalisation du mariage homosexuel n’enchante pas franchement toutes les maires de France. Ces derniers jours, nombreux sont ceux qui prennent publiquement position contre le projet de loi, qui sera présenté à la fin du mois en Conseil des ministres, pour une entrée en vigueur prévue au premier semestre 2013. Qu’ils soient connus, comme François Lebel, édile du 8e arrondissement de Paris, ou Xavier Lemoine, maire UMP de Montfermeil, ou anonymes. Pour ceux-là, une pétition en ligne a récemment été lancée, à l’initiative de Jacques Bompard, député-maire d’Orange et classé à l’extrême droite.
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"Ce n’est pas ma conception de la famille"
Mardi soir, cette pétition avait recueilli la signature de 1219 maires ou adjoints, ceux-là même qui sont chargés de célébrer les mariages dans tout l’Hexagone. Ces élus, souvent issus de petites communes rurales, avancent comme premier argument le bien-être de l’enfant. D’où leur réticence à signer de leur main l’union de deux hommes ou deux femmes.
"Ce n’est pas de l’homophobie", assure l’un d’eux à Europe 1. "Mais ce n’est pas ma conception de la famille." Un élu socialiste antillais avance même la religion comme argument. "C’est le chrétien qui parle, pas uniquement le citoyen. Je ne peux pas faire quelque chose que Dieu réprouve", explique-t-il.
Une gronde de parlementaires
Si la loi passe, certains ont déjà prévenu qu’ils ne célébreraient pas le mariage. Et demandent un droit de retrait ou une clause de conscience pour avoir le droit de ne pas le faire; sur le modèle de celle dont bénéficient les médecins opposés à l'avortement. Dans une interview à La Croix datant du 10 septembre, Christiane Taubira a écarté cette possibilité. "Non", avait asséné la ministre de la Justice. "Les maires sont des officiers publics qui représentent l’État lorsqu’ils célèbrent un mariage, c’est une mission dont ils sont très fiers. Il ne sera pas inscrit dans la loi qu’ils puissent se soustraire au Code civil", avait-elle insisté.
La gronde touche aussi les parlementaires. Depuis quelques semaines, une soixantaine de députés de la droite dure, dont certains proches du souverainiste Philippe de Villiers, ont relancé un vieux lobby de l’Assemblée : l’entente parlementaire pour la famille, qui s’est déjà réunie les 25 septembre et les 2 octobre. Leur idée est d’organiser des débats, des réunions, bref de faire entendre les anti-mariage gay. Et pourquoi pas de lancer une concertation. Il y en a bien sur l’école ou la fin de vie, arguent-ils.